La statue de Aïn El Fouara ne sera pas déplacée, comme le souhaitent les islamistes. Vandalisée il y a quelques mois, elle sera bientôt remise à sa place au niveau de la fontaine mythique de la ville de Sétif. C'est ce qu'a affirmé, jeudi dernier, le ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi, qui a polémiqué avec des députés islamistes du FJD-Addala que préside Abdallah Djaballah. Jugeant la statue «impudique», trois élus de la formation islamiste réclament son déplacement au musée. Et le ministre de la Culture ne s'est pas laissé faire. «Ce sont les auteurs de cette question qui méritent d'être mis au musée», déclare-t-il en réponse à ces députés, dont Hassan Aribi et son chef du groupe parlementaire de ce parti, Lakhdar Benkhellaf. Azzedine Mihoubi oppose ainsi une fin de non-recevoir à leur requête. Selon lui, la statue dont l'existence remonte à l'époque coloniale «demeurera à sa place et ne sera jamais déplacée au musée». «Elle a fait l'objet récemment d'un acte de vandalisme occasionnant des dégâts dans certaines de ses parties, mais ne sera jamais transportée au musée. Le déplacement de la statue constituera un précédent grave qui ouvrira le champ à des opérations de déplacement de toutes les statues au musée. Que restera-t-il dans nos rues ?» interroge-t-il. Face à une levée de boucliers des députés concernés, le ministre clarifie ses déclarations devant les journalistes à la fin de la séance de l'APN consacrée aux questions orales. «Mes réponses sont claires. J'ai dit que ce sont ces idées sur le déplacement des statues qui doivent être mises définitivement au musée. Je n'ai pas parlé de personnes», souligne-t-il. Mais les auteurs de cette demande indécente montent à nouveau au créneau pour s'en prendre au ministre, en qualifiant ses réponses d'«indignes». «La meilleure place pour les statues est dans les musées. Nous n'avons pas demandé sa destruction», justifient-ils, en tentant de taire leur arrière-pensée. Il est à rappeler que l'idée de déplacer la statue réalisée par le sculpteur français d'origine italienne Francis de Saint-Vidal, il y a 120 années de cela, «n'a jamais été posée auparavant». Classée propriété culturelle nationale en 1999, la statue de Aïn El Fouara a été la cible des islamistes à trois reprises. Elle avait fait l'objet de destruction par les terroristes en 1997, comme elle avait été attaquée en 2006 et en 2017. La prolifération de la pensée extrémiste hostile à une création humaine constitue une véritable menace pour le patrimoine matériel du pays. Par ailleurs, Azzedine Mihoubi rassure les députés que «la statue a été restaurée à titre gracieux par des compétences relevant des établissements culturels en charge de l'archéologie», ajoutant qu'«elle sera bientôt remise à sa place initiale». Les vidéos concernant cette polémique font, depuis jeudi dernier, le buzz sur les réseaux sociaux. Les internautes, qui les ont largement diffusées, critiquent la position des députés islamistes qui ne se soucient que des statues et «observent un silence intrigant sur les questions d'intérêt national».