La juge d'instruction de la 2e chambre près le tribunal de Guelma a placé, jeudi soir, El Hadj Khelifa, le concessionnaire Renault de Annaba, et Didine B., son «courtier», un homme résidant dans la commune de Hammam Debagh (Guelma) sous mandat de dépôt, avons-nous appris de sources judiciaires. Ils sont accusés d'«escroquerie à grande échelle», dont les victimes sont des centaines de clients en quête d'un véhicule neuf, notamment les modèles Symbol (Renault) et Step Way (Dacia). Selon le dossier de cette scabreuse affaire, Didine, intermédiaire avec le concessionnaire, assure la collecte de l'argent auprès des clients avec une marge bénéficiaire de plus de 200 000 DA selon le modèle. Après avoir gardé sa marge, estimée à quelque 80 000 DA, il remet ces sommes à El Hadj Khelifa qui, à son tour, lui livre les véhicules selon la disponibilité. Irrégulière, cette dernière a généré un cumul de demandes insatisfaites atteignant un total de plusieurs dizaines de milliards de centimes. Ce retard a fait réagir les prétendants qui s'impatientaient de jour en jour jusqu'à passer aux menaces. Se sentant en danger, ce courtier est allé se réfugier chez la sûreté de wilaya de Guelma. C'est à partir de là que l'affaire a été instruite sous la pression des victimes qui se sont massées devant le siège de la police. De fil en aiguille, le mis en cause a tout déballé, accusant au passage son «fournisseur» El Hadj Khelifa, d'être derrière le problème. Convoqué, ce dernier a répondu à l'appel de la justice. Après avoir été auditionnés par le procureur de la République près le tribunal de Guelma, les deux accusés ont été reçus par la juge d'instruction qui, sur recommandation du ministère de la République, les a placés sous mandat de dépôt. Cette affaire intervient au moment où une campagne de boycott des véhicules neufs est déclenchée sur les réseaux sociaux. Accusé d'avoir échoué dans la politique de leurs prix, le gouvernement a été obligé d'afficher les prix usines des véhicules montés en Algérie pour se désengager d'un trafic important dans le domaine. Sinon comment expliquer la présence des voitures neuves produites en Algérie sur le marché parallèle avec un prix exorbitant, alors que tous les concessionnaires affichent l'indisponibilité de ce produit ?