Depuis une vingtaine d'années, l'islam politique a le vent en poupe, encouragé par un pouvoir allergique à toute idée de démocratie et qui cherche à maintenir la société dans l'obscurantisme. Nous en avons eu un nouvel aperçu ces derniers jours à l'APN. Des députés de Abdallah Djaballah, dont Hassan Aribi, un boucher de Souk Ahras devenu très riche et impliqué, dans les années 1990, dans un réseau de soutien au terrorisme, ont demandé que la célèbre statue de Aïn Fouara, vandalisée par un énergumène du type Daech, soit envoyée dans un musée. La réponse du ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi, a été à la hauteur de cet outrage à la sculpture. «Ce sont les auteurs de cette question qui méritent d'être mis au musée», a-t-il répondu. Ce sont là des signes qui ne trompent pas. L'islamisme pollue de plus en plus les institutions, l'environnement, la société, assuré de l'avant par un pouvoir qui poursuit son œuvre de destruction de l'Etat. La statue sétifienne est devenue une obsession pour les ennemis de la culture et du savoir. En 1997 déjà, elle a été victime d'un attentat terroriste, heureusement sans conséquence. Cela nous renvoie à l'Afghanistan, et le ministre l'a rappelé, où les Talibans avaient détruit à la dynamite une statue géante de Bouddha, parce que, disaient-ils, ce n'est que de la pierre, pour justifier leur crime contre un patrimoine de l'humanité. Dans notre pays, la pensée extrémiste et nihiliste se répand malheureusement dans le corps social, pour imposer l'intolérance et le rejet de l'autre. Ali Ferkous, chef désigné par le wahhabisme comme représentant en Algérie du salafisme et autre expression politique du terrorisme islamiste, vient d'exprimer sa haine de l'espèce humaine en jetant l'anathème, sur sa page web, sur «les défenseurs des droits de l'homme, les défenseurs des droits des femmes, les démocrates et les militants qui activent pour le rapprochement et l'ouverture entre les religions». (Liberté du 22 mars 2018). Rien d'étonnant à ce qu'il exprime des propos propres au nazisme, vu qu'il a été formé en Arabie Saoudite. Mais c'est surtout le fait qu'il enseigne à l'université islamique du Caroubier et qu'il est payé avec l'argent du contribuable algérien qui scandalise. Dans un pays défenseur des libertés et des valeurs humaines, il aurait été rapidement relevé de ses fonctions, voire poursuivi pour outrage à l'Algérie et ses martyrs. Mais il officie toujours et rien ne dit qu'il sera un jour inquiété. Dans la même voie, une sulfureuse députée à l'Assemblée nationale, à la tête d'un fantomatique parti, se permet d'insulter elle aussi tous les Algériens en déclarant qu'elle préférerait tuer sa fille que de lui permettre d'apprendre tamazigh. Personne ne l'a remise à sa place et encore moins l'effacé président de l'APN. Des comportements de ce genre sont inquiétants et augurent mal de l'avenir de l'Algérie. Des observateurs étrangers ont estimé que l'islamisme s'est implanté durablement dans la société algérienne. Le défunt général-major Mohamed Lamari n'avait pas hésité à sortir de sa réserve, à l'époque où il était chef d'état-major, pour dire que l'Algérie a vaincu militairement l'islamisme et non politiquement. La situation actuelle lui donne raison. Le pays est réellement en danger et ceux qui sont à sa tête ne s'en émeuvent pas. Pourquoi le feraient-ils ? Parce que tout simplement, ils ont programmé leur avenir ailleurs qu'en Algérie. Après l'avoir bien entendu vidée de son sang.