Où va l'Algérie ?» C'est la question que la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, s'est posée hier, et que se posent, selon elle, la majorité des Algériens. Une interrogation persistante qui traduit, de son avis, la crainte d'un lendemain incertain, notamment devant l'opacité régnante et la régression continue. La crise qui frappe notre pays, rappelle Mme Hanoune, est fondamentalement politique. La patronne du PT est revenue, hier à l'ouverture de la réunion du bureau politique de son parti, sur les multiples problèmes que vit le citoyen et qui nous renseignent sur la complexité de la situation. Elle aborde la crise du lait qui risque, dit-elle, d'être la goutte qui fait déborder le vase. «Le lait fait partie des besoins les plus élémentaires des familles pauvres et revenir à faire des chaînes pour un sachet de lait est un facteur de stress et de hogra. C'est un fait déstructurant, qui peut constituer la goutte qui fait déborder le vase, d'autant plus que les prémices d'une révolte sont omniprésentes», avertit Mme Hanoune. La première dame du PT s'est attardée sur le dernier message du président de la République à l'occasion de la célébration de la Journée nationale de l'avocat, où il a évoqué les enjeux de la conjoncture, la nécessité de la cohésion sociale, la préservation de l'unité nationale et l'atténuation des situations de tensions et de partis pris. La secrétaire générale du PT partage, certes, la lecture que fait le président Bouteflika de la situation du pays et son souci quant au devenir de l'Algérie, mais elle rappelle au premier magistrat du pays que c'est à l'Etat, et donc au gouvernement, qu'incombe la responsabilité d'immuniser le pays. «La lecture faite par le président de la République en ce qui concerne les défis et les dangers extérieurs est juste. Et on la partage. Mais c'est à l'Etat et, par conséquent au gouvernement qu'incombe la responsabilité de réunir les conditions nécessaires pour immuniser notre pays et préserver la cohésion sociale et cela ne peut se faire que via une politique qui sera en adéquation avec les aspirations, les revendications et les besoins de la majorité», affirme la leader du PT. Elle pense qu'aujourd'hui il y a nécessité de réviser la loi de finances 2018 et il y a surtout urgence pour que le président Bouteflika intervienne et ordonne la préparation d'une loi de finances complémentaire pour 2018 afin de stopper la misère. Il s'agit, pour Mme Hanoune, d'une question de survie. Il est important, soutient-elle, de faire respecter la Constitution, de lutter contre la corruption, contre la dilapidation des deniers publics, la criminalisation de l'évasion fiscale. «Le renforcement du front intérieur n'est pas un slogan creux. Ce sont des politiques qui renforcent le tissu social national. Ce sont des politiques qui combattent les injustices sociales, les inégalités régionales, la hogra. Ce sont des politiques qui consacrent l'égalité sur l'ensemble du territoire devant des services publics de qualité», insiste Mme Hanoune, qui estime que cette année est charnière et l'intervention du chef de l'Etat est plus que réclamée afin de stopper les dérapages et surtout d'éviter l'intervention de l'étranger qui nous imposerait «le futur Président» pour 2019. Pour Mme Hanoune, la véritable issue durable pour une sortie de crise demeure la refondation politique, qui ne peut se concrétiser qu'à travers la convocation par Bouteflika des élections pour une Assemblée nationale constituante. Par ailleurs, s'agissant de la révision de la loi sur les hydrocarbures afin d'en faire un texte plus attractif qui attire les investisseurs étrangers et qui devrait être finalisé au mois de juin, Mme Hanoune s'est montrée peu optimiste, voire sceptique. «Il serait naïf de croire que faire des concessions aux multinationales aurait un impact positif sur le plan financier pour nous, étant donné que la crise du système capitaliste a accentué la férocité et les convoitises des multinationales ainsi que les grandes puissances», a-t-elle déclaré. Le parti de Louisa Hanoune ne restera pas, toutefois, les bras croisés s'il constate qu'il y a eu des concessions portant atteinte à l'intérêt du pays. «Nous allons agir», menace-t-elle.