Une commission mixte regroupant les représentants du ministère de l'Education nationale et les directeurs des écoles privées a été installée jeudi dernier. Celle-ci se penchera dans les prochains jours sur l'étude de toutes les propositions émanant des deux parties ainsi que la mise en place d'une stratégie de travail. Le ministre de l'Education nationale, M. Boubekeur Benbouzid, a réuni à deux reprises les directrices des établissements privés. Lors de la deuxième séance de travail tenue jeudi dernier au siège du ministère et consacrée à la concertation autour des nouvelles mesures juridiques relatives à l'ouverture d'une école privée, le ministre a exposé les nouvelles donnes concernant le fonctionnement de ces écoles. Au préalable, il a tenu à préciser, que les décisions relatives à l'enseignement en langue arabe et au respect d'un cahier des charges sont irrévocables. « Le temps de la clandestinité est fini. Aujourd'hui, avec la réforme du système éducatif, les écoles privées doivent se conformer à la loi en se dotant d'un registre du commerce et en respectant le cahier des charges élaboré par la tutelle et qui fixe les mesures d'ouverture, de gestion et d'organisation de ces établissements », a indiqué M. Benbouzid, qui estime que la langue est un facteur de cohésion sociale et les écoles privées doivent dorénavant travailler avec la langue nationale et officielle du pays. « Je vous autorise à augmenter le volume horaire d'enseignement de la langue française, mais le programme éducatif et pédagogique doit être dispensé en langue arabe. Vous devez l'adopter tout au long du cursus d'enseignement conformément aux lois en vigueur. Le gouvernement ne veut pas d'une école parallèle qui risque de saper la cohésion. » Pour Benbouzid, le Pouvoir, à travers cette nouvelle démarche, tente d'assurer la pérennité de l'Etat. « Nous ne sommes pas contre les écoles privées que nous considérons comme une complémentarité au système éducatif national. En ce qui nous concerne, nous répondrons à vos besoins et nous vous aiderons à dépasser vos difficultés », dira-t-il. Jusqu'à ce jour, aucun organisme n'est capable d'avancer le nombre exact des écoles privées existant à l'échelle nationale. Certains les estiment à plus de 400, et la tutelle croit savoir qu'elles sont plus d'une centaine. « N'étant pas contrôlées par le ministère, nous ne pouvons connaître leur nombre, mais nous savons qu'elles existent dans les wilayas d'Alger, Tizi Ouzou, Béjaïa, AnnabaOran et Ghardaïa et que 25 000 enfants sont scolarisés dans ces établissements », a soutenu le ministre, qui a indiqué que les écoles privées relèveront à partir de l'année prochaine de la responsabilité du ministère de l'Education, et ce, en vertu de l'instruction ministérielle promulguée en mars 2004. Ainsi, les directeurs des écoles privées sont dans l'obligation de déclarer leur activité au niveau de leur wilaya et, de cette manière, la tutelle peut les recenser et connaître avec exactitude leur nombre. Lors des débats, Mme Benmansoure, directrice d'une école privée, a posé le problème des familles établies en France et qui décident de revenir au pays. Leurs enfants ne connaissent pas l'arabe. Une autre a relevé la question du statut des écoles, le déroulement des examens ainsi que les livres scolaires. Une autre directrice a rejeté la notion de registre du commerce. « Nous exerçons une activité à vocation éducative. Nous ne sommes pas des commerçants et, dans ce cas de figure, nous avons besoin d'un agrément et non d'un registre du commerce », dira-t-elle. Une autre ajoute : « Nous appliquons le même programme que celui des écoles publiques. Nous ne sommes ni en conflit ni en contradiction, la seule différence est la langue d'enseignement qui est le français, mais en contrepartie nous enseignons treize heures de langue arabe et nous enseignons l'histoire d'une manière générale. Donc nous sommes en adéquation avec la réforme. » Le chef de cabinet du ministère a rétorqué que le cahier des charges définit toutes les procédures à suivre. Il maintient le fait que « les écoles privées ont une vocation éducative, mais à caractère commercial. Et du moment qu'elle génère des recettes, elles doivent donc payer leurs impôts et avoir un registre du commerce ». De son côté, M. Benbouzid a déclaré que son département envisage d'ouvrir, dès l'année prochaine, un lycée international destiné uniquement aux personnes de nationalité étrangère.