Les bombardements dévastateurs ne viennent pas à bout des taliban qui affirment avoir exécuté, hier, le commandant Abdul Haq. Les Etats-Unis ont admis, jeudi, que les frappes sur l'Afghanistan n'avaient pas donné les résultats escomptés, malgré l'utilisation de bombes à fragmentation. Hier, l'aviation américaine a bombardé deux entrepôts du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), une bavure de plus. Au fil des jours, les taliban apparaissent comme des ennemis beaucoup plus coriaces que les stratèges américains ne l'avaient imaginé. Cela d'autant plus que le secrétaire américain à la Défense, Donald Rumsfeld, a admis qu'il serait «très difficile» de capturer Ben Laden. «Je ne sais tout simplement pas si nous réussirons», a-t-il déclaré. La capture et l'exécution, hier, du commandant Abdul Haq signifient-t-elles que les taliban ne sont pas anéantis après vingt jours de guerre sans merci, menée par les Américano-Britanniques? Le héros de la guerre contre l'ex-Union soviétique a été «exécuté d'une rafale de kalachnikov, vers 13 h (7 h 30 GMT)», a déclaré le chef de l'agence officielle des miliciens. Les miliciens déclarent avoir assiégé la résidence du commandant avec 50 de ses partisans. Selon l'agence AIP, des hélicoptères américains sont intervenus pour tenter de faciliter l'évasion d'Abdul Haq, sans y parvenir. Pourtant, le commandant avait critiqué, il y a deux semaines, les bombardements américains sur l'Afghanistan. Cette figure de la résistance antisoviétique avait rejoint une assemblée de plusieurs groupes afghans, dont d'anciens commandants, à l'origine d'un appel au rassemblement de tous les Afghans. Avec l'élimination d'Abdul Haq, l'espoir d'une issue politique interne s'éloigne, et la guerre s'inscrit dans la durée.