Les dissensions au sein de l'ex- parti unique persistent. D'une crise à l'autre, le FLN est devenu tricéphale, après avoir été, pendant plus d'une année, bicéphale. Il s'enlise de jour en jour dans un bourbier qui lui serait difficile de s'extirper, étant donné qu'il est entouré de smalas d'opportunistes et de rentiers de premier rang. La situation actuelle risque ainsi, du point de vue des spécialistes, d'accoucher d'une nouvelle aile, la quatrième, qui réclamerait nécessairement sa légitimité au-dessus de tout compte. Abdelkrim Abada, actuellement président de la commission chargée des affaires courantes du parti, est, aux yeux des redresseurs « inflexibles », la source de la discorde, car il représente le « reliquat » du camp de Benflis. Cependant, d'autres voix s'élèvent contre ces gens qu'elles qualifient d' « extrémistes ». Lors de sa réunion avec les militants ce week-end, les membres de la kasma d'El Madania (Alger) ont fait allégeance à M. Abada, descendant en flammes, à l'occasion, ceux qu'ils appellent les « aventuriers ». Allusion faite, bien entendu, à une faction des redresseurs qui se sont restructurés dans ce qu'ils appellent le « mouvement des coordinateurs libres ». Dans une déclaration sanctionnant la rencontre avec les militants de la commune d'El Madania, le bureau de cette kasma a déclaré ouvertement le soutien « indéfectible » des militants de cette localité à la direction d'Abdelkrim Abada. Ayant passé en revue la situation conflictuelle dans laquelle patauge le FLN, les militants d'El Madania ont abouti au résultat suivant : « Les structures actuelles du parti sont considérées comme légitimes par les militants du FLN de notre commune du fait qu'elles sont issues du comité central émanant du 7e congrès. » Pour eux les hommes, qui dirigent actuellement les structures du FLN œuvrent sans nul doute à rassembler toutes les forces du parti et à ressouder ses rangs. « Ils veillent à l'application effective des instructions émanant des structures organiques actuelles qui travaillent à même de sortir le parti de la crise », est-il précisé dans la déclaration. Face à cette sortie « défiante », l'autre aile dissidente, à savoir le mouvement des coordinateurs libres, réitère son rejet de la commission de gestion des affaires quotidiennes du parti, réfutant, en outre, de reconnaître le comité central du 7e congrès en tant que référence pour la tenue du 8e congrès bis. Dans un communiqué rendu public hier, suite à la rencontre-débat organisée jeudi 7 octobre à Tizi Ouzou - à laquelle ont pris part deux ministres, à savoir Mohamed-Seghir Kara (Tourisme) et Boudjemaâ Haïchour, (Communication) -, les « coordinateurs libres du FLN » se disent déterminés à ne pas céder devant « ceux » qui étaient derrière la « ruine du parti et sa dislocation ». Le communiqué a fait également état de la présence d'autres cadres du parti, notamment le mouhafadh d'Oran, Mustapha Abid. L'ensemble des intervenants ont mis l'accent sur la nécessité de « reléguer toutes les parties impliquées », d'une manière ou d'une autre, dans ce qu'ils ont qualifié d'« atteinte aux symboles de l'Etat ». En sus, les coordinateurs libres maintiennent leurs « actions prévues » dans le cas où les portes du dialogue s'avéreraient définitivement fermées. Appelant à une conférence nationale qui regrouperait toutes les tendances et sensibilités du FLN, les anti-Abada réaffirment leur détermination à aller au congrès rassembleur qu'organisera la commission de Abdelaziz Belkhadem, mais avec leurs propres représentants. Dans la foulée, les confrontations verbales entre les différentes fractions antagonistes sont arrivées à leur summum. Et le risque d'une grave « collision » lors de la tenue du congrès réunificateur augmente de plus en plus. Devant une telle situation, Abdelaziz Belkhadem joue sur le temps en renvoyant d'une date à l'autre l'organisation du 8e congrès bis, le 8e congrès ayant été annulé par décision de justice.