Les déclarations de Olmert et de Gates vont « entraîner le Moyen-Orient dans une course au nucléaire, avec toutes ses dangereuses conséquences pour la région et pour le monde ». Enquêtez maintenant sur les capacités nucléaires israéliennes » est le titre d'une pétition internationale lancée sur internet par le Centre alternatif d'information (www.alt-info.org), une organisation palestino-israélienne basée à Jérusalem. Adressée au Dr Mohamed El Baradei, directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), la pétition réclame une enquête immédiate et complète sur les capacités nucléaires de l'Etat hébreu suite aux déclarations du Premier ministre israélien, Ehud Olmert, et du secrétaire à la Défense américain, Robert Gates. Déclarations qui avaient laissé entendre qu'Israël possédait l'arme nucléaire. Les signataires du monde entier ainsi que d'Israël, où le débat est lancé sur la question, se disent « très préoccupés par la possibilité qu'Israël, pays qui refuse de signer le Traité de non-prolifération (TNP), puisse posséder les capacités de développer et d'exporter des armes et des technologies nucléaires ». Une inquiétude d'autant plus légitime, peut-on lire dans cet appel, que les déclarations de Olmert et de Gates vont « entraîner le Moyen-Orient dans une course au nucléaire, avec toutes ses dangereuses conséquences pour la région et pour le monde ». Parmi les signataires, un grand nombre fait partie de la société civile arabe et israélienne qui dénoncent la « politique de deux poids, deux mesures ». On peut citer le Comité israélien pour un Moyen-Orient libéré des armes atomiques, biologiques et chimiques basé à Tel-Aviv, qui réclame notamment le démantèlement de la centrale nucléaire de Dimona. Israël dispose d'une autre centrale nucléaire à Nahal Sorek, au sud de Tel-Aviv. L'Etat hébreu n'a jamais reconnu disposer d'un arsenal nucléaire, mais des experts étrangers affirment qu'avec son réacteur de Dimona, il s'est doté de 200 ogives nucléaires susceptibles d'être adaptées sur des missiles à moyenne et longue portées. Il s'agit d'un grand tabou en Israël : on se rappelle du technicien atomiste israélien Mordechaï Vanunu, qui a passé dix-huit ans en prison pour avoir révélé en 1986, dans les colonnes du Sunday Times britannique, la possession de bombes atomiques par l'Etat hébreu. Vanunu est resté assigné à résidence et est étroitement surveillé dans le monastère anglican de saint Georges, à Jérusalem, où il a élu domicile depuis sa libération. Ainsi, les informations sur les capacités nucléaires militaires israéliennes sont entourées d'un épais brouillard. On saura que dans un accord secret passé en 1956 entre Guy Mollet et Ben Gourion, la France s'engageait à collaborer avec Israël dans le domaine de la technologie nucléaire en même temps que l'Etat hébreu prévoyait de participer à l'opération militaire contre l'Egypte qui venait de nationaliser le canal de Suez. Dès 1966, Israël aurait disposé de ses premières ogives, avant de procéder en 1979 à des essais dans l'océan Indien en coopération avec l'Afrique du Sud de l'Apartheid. Pourtant, aux termes d'une entente avec les Etats-Unis datant de 1969, Israël s'est engagé à s'abstenir de toute déclaration sur son potentiel nucléaire et à ne pas procéder à des essais nucléaires. En vertu de cette entente, Washington s'abstient en échange d'exercer des pressions pour qu'Israël adhère au TNP, ce qui contraindrait l'Etat hébreu à soumettre ses installations nucléaires à des contrôles internationaux. Selon Pierre Razoux, historien français et spécialiste des conflits, qui vient de publier Tsahal, nouvelle histoire de l'armée israélienne, Israël disposerait d'un arsenal de 200 têtes nucléaires, dont certaines sont embarquées à bord de la nouvelle génération de sous-marins équipant la marine israélienne.