La désertification est l'un des défis majeurs auxquels sont confrontés les pays dits émergents, mais pas seulement eux. C'est désormais une problématique universelle car, à l'heure de la globalisation, les enjeux de l'environnement sont inséparables de ceux du développement économique. Il s'agit pour l'humanité, dans les deux cas de figure, de construire un monde articulé sur une répartition plus justement équilibrée des ressources vitales, comme l'eau, le patrimoine forestier et plus largement la flore et la faune. La conférence internationale d'Alger, organisée ces trois derniers jours autour de ce thème crucial de la lutte contre la désertification, est une étape qui souligne combien la tâche est tout ensemble complexe et passionnante. Parce que, comme en toutes choses, il y a dans le désert la part du facteur humain. Le génie humain, depuis les temps les plus immémoriaux, s'est toujours attaché à susciter le combat pour la vie, même si le combat a souvent été inégal. Les victoires contre l'érosion sont ainsi de celles qui consacrent la détermination de nombre de peuples à régénérer une nature réputée définitivement perdue, avec à la clé le retour d'espaces viabilisés qui ont rendu possible l'implantation de périmètres agricoles en des lieux où cela était tout simplement impensable. Pour autant, aucun pays ne peut conduire, en ces temps de mondialisation, la lutte contre la désertification pour son propre compte, à plus forte raison encore si cette entreprise ne produit pas d'effets d'entraînement sur des échanges économiques devenus interdépendants. La lutte contre la désertification, en fait, impose aujourd'hui un devoir de solidarité aux nations du monde dans la mesure où nul pays n'a l'assurance absolue d'être préservé du phénomène. Pour autant, le désert a induit des traditions, des cultures, il a également et c'est le paradoxe notable fixé des populations qui, sous toutes les latitudes, ont su tirer d'une nature hostile ce qu'elle pouvait donner de meilleur. Mais en ayant le souci de protéger ce patrimoine commun à l'humanité, la question qui se pose est celle de savoir si le romantisme si lié à l'évocation du désert prime sur l'impérieuse nécessité pour l'humanité d'en réduire les dangers. Il est évident que le désert appartient à l'imaginaire collectif et certains pays ont mis en œuvre des solutions palliatives en encourageant, par exemple, un tourisme thématique. Cela peut, en effet, constituer des rentrées appréciables pour des économies qui, à juste titre, cherchent à diversifier la nature de leurs revenus. Ce qui compte dans la gestion de l'avancée du désert, comme pour tout autre chantier grandiose, c'est de mettre la chose entreprise au diapason de l'esprit d'initiative productive. Au même titre que d'autres pays concernés, l'Algérie est mise aujourd'hui en situation d'évaluer la réappropriation qui peut être faite d'espaces qui pourraient devenir des sites privilégiés de challenges économiques qui, s'il y a une vision prospective pour l'accompagner, donneront du sens à la lutte contre la désertification. Le seul désert qui puisse être fatal est celui de l'esprit.