En économie, le discours ne suffit pas. C'est pourquoi les investisseurs ne se bousculent pas sur la place d'Alger. Une évidence: les réformes financières permettent de restaurer la confiance des investisseurs étrangers et nationaux. Elles (les réforment) propulsent l'essor économique des pays. Alain Chevalier, docteur en sciences économiques et sciences des organisations et président de l'European international business academy (Eiba), intervenant lors d'une conférence tenue, dimanche soir, à l'Ecole supérieure algérienne des affaires (Esaa), a exposé un ensemble de casse-têtes d'ordre économique auxquels sont confrontés les pays émergents. Son diagnostic était suivi d'une check-list, proposant une liste de réformes prioritaires en mesure de conduire vers l'essor économique. Les enjeux économiques des réformes financières, actuellement mises en marche dans de nombreux pays, sont de taille. Autrement articulé: «Les problèmes sont nombreux et brûlants, et la difficulté réside dans le choix de bonnes réformes consensuelles, menées rapidement et sans heurt majeur.» Il s'agit donc, en deux mots, d'agir vite et efficacement, à en croire Alain Chevalier. Ce n'est, indiscutablement, pas le cas de l'Algérie qui traîne toujours lamentablement la patte autour d'une série de projets de réformes, dont l'aboutissement est renvoyé aux calendes grecques. Encore une évidence: en finance, «la concurrence, la désintermédiation, la privatisation, l'internationalisation, la liberté des prix, des changes, des mouvements de capitaux sont cosubstantielles à la modernisation». L'approche du président de l'European international business academy (Eiba) ne souffre d'aucune ambiguïté pour les militants et les partisans de la piste libérale, désormais indispensable et inévitable. Pour le conférencier, l'Etat, - l'Algérie ne fait aucunement exception - qui représente une très grosse entreprise, doit montrer l'exemple concernant les réformes financières. «Il en est de même pour toutes les collectivités et établissements publics.» Mais l'Etat fait partie nécessairement de l'ensemble économique international. D'où l'importance de se mettre dans le bain des réformes globales, c'est-à-dire celles liées à la lutte contre les crises de liquidités qui «sont aussi des crises de confiance et des crises bancaires». L'orateur préconise de comprendre et traiter aussi des «problèmes de bulles» en accordant toujours une priorité à la lutte contre l'inflation qui porte en germe la «stagflation». Les réformes globales concernent aussi l'adaptation progressive à l'environnement du pays, la structure et les missions de la Banque centrale et la politique de taux de change. Pour le cas des pays émergents, il est recommandé de faire les bons choix d'investissement, ceux qui permettent de résoudre les problèmes macroéconomiques et financiers à long terme, mais apportent aussi une amélioration rapide du niveau et de la qualité de vie des populations. «Il est nécessaire aussi de développer une croissance rapide, mais acceptable et régulière», a ajouté le docteur de l'Esaa. Sur la liste figure aussi inséparablement l'importance, si avérée, de lutter contre l'inflation et la corruption. Les Etats émergents doivent trouver «un sentier démographique adapté», développer progressivement un marché financier en privilégiant les marchés de dettes, bancariser la population et éponger les liquidités disponibles. L'Algérie fait-elle partie des pays émergents? Evidement, le discours démagogique l'atteste. Mais économiquement parlant, cette hypothèse est loin d'être un élément fiable. Car l'Algérie ne dispose ni d'une infrastructure industrielle, ni d'un capital privé compétitif, encore moins d'une ressource de production diversifiée. C'est dire que l'Algérie est toujours à la case départ du fait d'un plan de réformes en perte de vitesse. C'est pourquoi les investisseurs ne se bousculent pas sur la place d'Alger. En économie, le discours ne suffit pas.