Le président Bouteflika prononcera demain au Palais des nations (Alger) un discours devant les cadres de l'Etat. Une telle annonce faite par les services de la présidence de la République suscite étonnement et interrogations. La raison ? Aucun événement n'est prévu pour cette date. Hormis la fête de l'Aïd et celle de la fin de l'année qui auront lieu, à une journée près, la semaine prochaine, aucune occasion n'est à même de justifier cette nouvelle sortie médiatique pour le moins inattendue. Certes, le Président n'a pas encore signé la loi de finances pour 2007. Mais là aussi, la tradition veut que cela soit fait au Palais de la présidence. Devant l'absence de toute information officielle sur l'objectif de cette rencontre avec les cadres de la nation, programmée à cinq jours seulement de la fin de l'année, la rumeur et la spéculation battent leur plein. Que dira le Président ? Ou que dira-t-il encore après ses deux derniers discours fleuves, l'un à la rencontre gouvernement-walis du 9 décembre, l'autre à l'ouverture des assises de l'architecture le 19 du même mois ? Dans ses deux derniers discours, le chef de l'Etat a fait un diagnostic détaillé du pays sur tous les plans : économique, politique, culturel, social, religieux et identitaire. Il a parlé de la corruption, de la dépendance entière de notre économie des hydrocarbures, de la saleté des villes et villages, de l'incivisme des citoyens, de l'insécurité, des Algériens qui n'aiment pas leur pays… Bref, il a brossé un tableau noir d'un pays sans lendemain, après huit ans de règne sans partage. Et voilà que le président Bouteflika renoue, une semaine après, avec ce qu'il affectionne le plus : la harangue. Selon certains observateurs, le Président apporterait dans son discours de demain des éléments de fond sur les questions d'actualité. Il se pourrait même qu'il annonce des mesures de nature à permettre l'application avec rigueur du programme des 140 milliards de dollars, lequel est confronté depuis des mois à des difficultés multiples. Mais là également, il y a un autre cadre plus adéquat pour le suivi de ce programme, à savoir la rencontre gouvernement-walis qui se tiendra désormais tous les six mois. Pourquoi donc regroupe-t-il tous les cadres de la nation ? D'autres observateurs voient en cette rencontre une opportunité pour le Président d'annoncer son départ pour le pèlerinage à La Mecque. Là aussi, rien n'est sûr. Le chef de l'Etat a cela de particulier d'avoir toujours su cultiver l'art du secret… mais aussi celui des surprises. Quelles surprises ? Pour mémoire, le dernier discours du président Bouteflika devant les cadres de la nation remonte à il y a un peu plus d'une année : le 14 août 2005. A cette date, le chef de l'Etat a levé le voile sur son projet de réconciliation nationale, après avoir jeté un ballon-sonde des mois auparavant. A-t-il en tête un autre projet qu'il compte annoncer à cette occasion ? Demain nous le saurons.