Jusqu?à ce matin 11h, et à l?exception du communiqué, hier soir, de la présidence, aucune information n?a filtré sur l?état de santé du président de la République. «Evacuation», «déplacement», «hospitalisation», chaque journal y va de son titre en page Une, mais tous se contentent à l'intérieur de reprendre le communiqué de la présidence qui mentionne que Bouteflika a «subi, avant de se déplacer ce jour à Paris, un contrôle médical à l'hôpital de Aïn Naâdja à la suite de troubles au niveau de l'appareil digestif». Seul le quotidien El-Khabar évoque, citant des sources concordantes, «un transfert d'urgence de Bouteflika après de graves complications». Quoi qu'il en soit, cette annonce tombe tel un couperet pour les Algériens que rien ne préparait à une telle éventualité. Donné pour un homme malade lors de sa première campagne électorale en 1999, le président de la République a vite fait d'apporter un démenti spectaculaire en faisant quotidiennement montre, depuis son élection et à ce jour, d'une forme éblouissante, d'une énergie et d'un entrain inépuisables. Même si hier déjà, son absence aux Conseils économiques et sociaux africains, réunis au Palais des nations, avait d?emblée suscité des interrogations, celles-ci n'ont pas dépassé le cercle des journalistes et personnes directement concernées par l'événement. La surprise a été totale pour les citoyens ce matin. Ce qu'il y a lieu de noter, c?est que personne hier dans l'entourage du président, protocole y compris, ne savait qu'il n'allait pas effectuer le déplacement au Palais des nations. Cette défection a pris tout le monde de court et suscité des interrogations surtout quand c'est le ministre de la Justice qui a lu l'intervention du président de la République en son nom. Ce matin, c'était au tour des citoyens de se perdre dans des spéculations alimentées notamment par le fait que la suite des examens ait dû être faite à Paris. En effet, même si le terme «déplacement» utilisé par le communiqué de la présidence est rassurant, car il suppose une autonomie et un état pas trop alarmant du président, le fait qu'un hôpital aussi bien équipé que celui de Aïn Naâdja ait été jugé insuffisant pour un examen du cas ouvre quand même le champ à des estimations peu rassurantes. Quel que soit le degré de gravité de ces troubles, ils auront en tout cas empêché le président d'assister à l'ouverture du premier sommet euroméditérranéen de l'histoire, ce dimanche après-midi à Barcelone. Sa dernière apparition à l'étranger remonte au 16 novembre à Tunis lors du Sommet mondial sur la société de l'information. En Algérie, le dernier discours qu'il a prononcé, c'était à l'ouverture de l'année judiciaire le 20 novembre dernier.