Les remarques du MSP ont un lien direct avec le discours du président de la République. Le Conseil des ministres qui se tiendra sous les auspices du président de la République aura à débattre notamment des textes de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. D'emblée, l'on apprend de sources sûres que Boudjerra Soltani, président du MSP, interviendra au cours de la réunion, pour émettre certaines «réserves» qui, de l'avis de M.Saidi, vice-président de ce parti islamiste, sont inhérentes à la manière dont seront appliqués les textes. Quoique le MSP soit l'un des partis qui se dit «satisfait» du contenu des textes en question, son président reviendra à la charge, à l'occasion du Conseil des ministres, pour solliciter le chef d'Etat en vue «de leur application de façon rigoureuse et efficace sur le terrain», nous a déclaré M.Saidi. Se voulant plus explicite, notre interlocuteur fera savoir que l'intervention de Boudjerra Soltani auprès du président de la République, portera essentiellement sur trois points. En premier lieu, le président du MSP aura à solliciter Bouteflika sur le degré d'implication des institutions administratives dans l'application des mesures de réintégration dans le monde du travail ou, le cas échéant, d'indemnisation, au profit des personnes ayant fait l'objet de mesures administratives de licenciement pour des faits liés à la tragédie nationale. «Lors de l'application de la loi sur la concorde civile, ce genre de mesures décrétées par la justice n'ont pas été respectées par l'administration publique», rappelle M.Saïdi, en insistant sur la nécessité d'éluder cette «erreur» dans le sillage de l'application de la Charte. Hormis ce point précis, le patron du MSP aura également à intervenir au sujet de la sempiternelle problématique des disparus. En ce sens, et à se fier toujours aux propos tenus par M.Saïdi, Soltani demandera des éclaircissements quant au sort des disparus, toujours dans le cadre de l'application des textes de la Charte. Selon notre interlocuteur, ces textes tels que confectionnés par le président de la République n'apportent pas toutes les solutions à la question des disparus. Le troisième point sur lequel le président du MSP demandera des éclaircissements, a trait aux mesures prévues par la Charte portant sur l'interdiction de l'activité politique sous quelque forme que ce soit pour toute personne responsable de l'instrumentalisation de la religion, et ce, pour prévenir la répétition de la tragédie nationale. Ce lot de «réserves» qu'émettra le président du MSP à l'occasion du Conseil des ministres suscite des interrogations sur les visées réelles de ce parti, connu pour sa stratégie d'entrisme politique. La plus plausible parmi ces interrogations est celle de savoir si le MSP ne compte pas revoir son soutien au projet de la Charte, et ce suite au discours prononcé jeudi dernier par le président Bouteflika. En effet la formation de Boudjerra Soltani est l'un des partis auxquels le chef de l'Etat reproche son «populisme». En effet, lors de son discours tenu au Palais des nations, le président de la République n'a ménagé ni le FLN, ni le MSP, qui sont pourtant partie prenante de l'alliance stratégique. Ces deux partis ont, en effet, reçu une «douche écossaise» de la part de Bouteflika, qui a réfuté la thèse de l'augmentation des salaires, en s'alignant ainsi sur la position défendue par son chef du gouvernement. Une telle revendication constitue depuis un bon bout de temps, le cheval de bataille des leaders du FLN et du MSP. «Gardons-nous, en cette période d'aisance financière toute relative, de céder une nouvelle fois aux sirènes de la démagogie, du laxisme et de l'affairisme débridé, alors que la conjoncture actuelle du marché des hydrocarbures risque de se renverser, à tout moment» a souligné, en effet le chef d'Etat. C'est là une déclaration qui n'est pas pour plaire à un homme comme Boudjerra Soltani qui, vraisemblablement, compte riposter dans le cadre de l'application de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale.