Les intempéries qui continuent de sévir à Mostaganem depuis une semaine auront mis à nu un véritable mur d'incompréhension avec les responsables locaux. De tous les quartiers montent les clameurs de la malvie et du désespoir. Les personnes les plus vulnérables que sont les femmes et les enfants, après avoir frappé à toutes les portes de la mairie et de la daïra, finiront par se donner le mot et rejoindront en procession le siège de la radio locale, obligeant responsables et journalistes à se transformer en médiateurs. Au quartier de Kaddous El Meddah, qui est l'une des principales portes d'accès au vieux quartier de Tigdit, la population, en désespoir de cause, aura tout simplement dressé de véritables barricades empêchant la circulation durant une partie de la nuit. Une cohorte de citoyens des quartiers d'El Arsa et du Derb, après avoir été secourus par les éléments de la Protection civile, finiront par assiéger la daïra. Une femme complètement transie n'hésitera pas à venir clamer sa douleur à la maison de la culture où les autorités donnaient le signal inaugural du 16e colloque sur Houari Boumediène. La malheureuse n'aura pas l'opportunité de faire parvenir son message de détresse à qui de droit ; des organisateurs l'auront embarquée vers l'extérieur de la salle. Les habitants de Sayada et Kheïreddine seront contraints, durant quarante-huit heures, de faire un grand détour pour rejoindre leur domicile ou le chef-lieu de wilaya. A Oued El Kheir, c'est un maire assiégé qui clamera son impuissance face à une population excédée par l'accident d'un des siens pour cause de chaussée impraticable. A Bouguirat, les eaux diluviennes auront totalement envahi le centre du village. A la sortie de Hassi Mamèche, les zodiacs de la Protection civile auront été d'un grand secours à des fellahs pris au piège dans leurs fermes. Les pluies, qui avaient été annoncées dès mercredi dernier par un bulletin spécial, n'auront mobilisé que les services de sécurité et de la Protection civile. En effet, dès l'arrivée du bulletin météo, ces services avaient mobilisé hommes et matériel afin de parer à toutes les éventualités. Force est de reconnaître que les uns et les autres auront accompli un travail colossal. L'accalmie promise pour lundi en fin de journée ayant été différée, la menace risque de durer quelques jours encore. Une bien triste fin d'année pour ces citoyens démunis. Une bien triste fin de mandat pour ces élus inconséquents qui ne pourront défendre qu'un bilan dérisoire. Les trombes d'eau qui continuent de s'abattre sur la région laisseront des stigmates chez une population démunie et meurtrie.