Sidi Aïssa Bouzrou est une colline située à trois kilomètres environ à l'ouest de Tighilt Bougueni, chef-lieu de la commune de M'kira. Déjà attirant par sa hauteur, ce pinacle l'est aussi par son aspect, ressemblant à une pyramide démolie par un violent séisme. Les énormes pierres grises ou roussies s'entassent les unes sur les autres alors qu'un peu plus bas, la terre est fertile, les figuiers disputent la place aux oliviers et aux autres arbres fruitiers ou aux riches potagers du hameau des Zaïbet. Lorsqu'on découvre en y grimpant, le gouffre qui s'y trouve et qui regorge d'histoires aussi invraisemblables les unes que les autres, on est vite pris de frayeur. « Jusqu'à nos jours aucun explorateur, aucun spéléologue, aucune équipe de chercheurs ne sont venus pour le voir alors que pour nos anciens villageois, il n'a jamais été question de descendre au fond de ces ténèbres pour voir ce qu'il y a dedans », nous déclare un jeune rencontré non loin de là qui ajoute que d'après les vieux du village, le gouffre se termine sur un immense ruisseau où coule une eau abondante. Néanmoins, pour de nombreux jeunes citoyens de la localité, ce gouffre mérite d'être exploré par des spécialistes pour satisfaire au moins leur curiosité, et ils espèrent que leur gouffre sera à l'avenir un lieu touristique à l'exemple des autres endroits similaires à travers le monde. Par ailleurs, par le passé et afin d'entretenir le mythe, une grande salle a été construite en guise de mausolée à la mémoire de Sidi Aïssa dont personne ne peut raconter la vie ni son itinéraire encore moins ses origines. « Les gens alentours venaient pour faire des prières et demander la grâce au saint qui y serait enterré », nous dit un citoyen. Ces pèlerinages durèrent jusqu'à la fin des années 1960 puis le lieu fut oublié hormis pour les villageois de ce hameau qui continuent à vénérer leur saint venu de nulle part.