Les rivalités, jamais tues, entre le FLN et le RND se sont accentuées à la faveur des élections sénatoriales. Les deux partis, membres de l'Alliance présidentielle, et qui détiennent ensemble les pouvoirs exécutif et législatif, ont déterré la hache de guerre à l'occasion du renouvellement partiel des membres du Conseil de la nation. Pour le RND, qui a perdu, en 2002, le contrôle de l'APN, il s'agit de se maintenir en tête au sein du Sénat. Le FLN, quant à lui, se voit mal « minoritaire » au sein de la Chambre haute, alors qu'il détient la majorité des sièges au sein des Assemblées communales et de wilaya. Le vieux parti désire ainsi renforcer son emprise sur le Parlement en surclassant son principal rival au Conseil de la nation : le RND. Un vœu qui se heurte inéluctablement à l'envie affichée par ce dernier de rester à la tête du Sénat. Histoire d'équilibre entre ces deux formations, qui incarnent une certaine idée du système. Les résultats du vote du « grand collège », qui a eu lieu jeudi 28 décembre 2006, donnent le FLN pour vainqueur de la première partie de cette opération de renouvellement, avec en tout et pour tout 38 sénateurs sur les 96 élus. Cette victoire n'est cependant pas celle voulue par l'ex-parti unique, qui s'attendait plutôt à un raz-de-marée, au vu du nombre d'élus qu'il compte au sein des Assemblées locales et de wilaya. S'il a perdu la majorité, le RND se déclare néanmoins satisfait du résultat réalisé à cette occasion, réussissant tant bien que mal à talonner le FLN, avec en tout 30 sénateurs. La bataille entre ces deux formations ne s'arrête pas là, puisque chacune d'entre elles essaie de prendre la présidence du Sénat, qui est assurée depuis 2002 par Abdelkader Bensalah, un cadre du RND et sénateur dans le tiers présidentiel. En attendant la liste du tiers présidentiel qui sera établie par le chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, les tractations font rage. Les deux partis se disputent la présidence de la chambre Haute du Parlement… dans les coulisses. Le RND veut préserver sa suprématie au sein de cette institution en maintenant au moins son « homme », M. Bensalah à sa tête. Le FLN veut, de son côté, y placer l'un des « siens ». Après sa large victoire dans les législatives et les locales de 2002, l'ex-parti unique envisage de reprendre le contrôle de l'ensemble des institutions du pays et s'affirmer comme la plus grande force politique du pays. Il a déjà réussi à arracher au RND le poste de chef de gouvernement et a pris le contrôle du Conseil constitutionnel. Il lui reste uniquement de présider aux destinées du Conseil de la nation. Des observateurs parlent d'une guerre feutrée entre les deux formations pour ce poste. Mais l'enjeu semble être ailleurs, puisque le Conseil de la nation n'est là que pour faire barrage à une éventuelle assemblée d'obédience islamiste. Le contrôle du Sénat est important pour les uns comme pour les autres dans la mesure où cela pourrait être utile et bénéfique dans la campagne pour les prochaines élections législatives qui devraient se tenir au plus tard dans six mois.