Belkhadem a déployé ses superviseurs dans les 48 wilayas dans un dernier geste de sensibilisation. Les grands électeurs décident, aujourd'hui, du devenir de la chambre haute du Parlement. Une élection sans enjeu sur le plan législatif, même si elle servira à jauger les potentialités des partis en lice, en prévision des prochaines élections législatives et locales. Concernant l'élection de ce matin, on sait déjà que le RND va passer le flambeau au FLN. Mais dans quelles proportions? Le RND qui était à 80 sièges en 1998, a régressé à 50 lors du dernier renouvellement partiel. Il descendra à moins de 15 en janvier 2007. Le FLN, par contre, qui avait pris son départ à 10, triés dans le tiers désigné en majorité, compte dépasser le cap de 40 sièges. S'il réussit son pari, il aura les coudées franches pour se placer dans une logique définitive de reconquête du pouvoir. Le MSP suivra de loin, avec moins de 10, à moins que Bouteflika daigne faire le geste salvateur. Les ambitions du FLN buttent toutefois sur les récifs de l'administration et la rébellion de certains militants. Les habitudes ont la peau dure, serait-on tenté de dire. Beaucoup de commis de l'Etat ne savent pas encore s'ils doivent donner le coup de pouce au RND ou au FLN. Certains ont fait leur choix. Ils profitent de l'immobilisme du FLN pour soutenir les candidats soumis qui leur facilitent la tâche. Il y a également les élus qui ont décidé de présenter leurs propres candidatures, contre le gré de la direction du parti. Ils font fi des menaces d'exclusion émanant du sommet. Ils s'obstinent à assouvir leur soif de pouvoir quitte à faire tomber le ciel. Belkhadem a déployé ses superviseurs dans les 48 wilayas dans un dernier geste de sensibilisation avant l'heure de vérité. Il garde l'espoir d'instaurer la discipline, jusqu'à la dernière minute. Ces sénatoriales sont primordiales pour la nouvelle configuration de la classe politique, dans le sens où elles présentent un indicateur d'analyse valable, même si les résultats ne reflètent que les dispositions des locales de 2002. Elles permettront surtout de situer les grandes orientations des législatives de 2007. Une vue d'ensemble donne une maigre représentativité des partis politiques dans les institutions élues. On compte six partis représentés à l'APN-FLN, RND, MSP, Islah, PT et FNA - et cinq au Sénat - FLN, RND, MSP, Islah et RCD. Les partis de l'Alliance présidentielle détiennent le «monopole» sur les deux chambres du Parlement. Ils se partagent également le gouvernement. Les nouveaux équilibres qui se dégageront principalement des législatives seront déterminants pour chacun. Le président Bouteflika a soulevé l'aspect de la représentativité des élus dans les institutions ainsi que le rôle qui leur sera assigné. Il fait part, en filigrane, de ses intentions de revoir les lois électorales, les codes communal et de wilaya et la Constitution parce qu'un travail d'ensemble est requis si nouveau découpage territorial il y a. Les résultats des sénatoriales méritent une analyse sérieuse. Car si les 2/3 détenus par l'Alliance vont égratigner son attitude de perfection, on s'installera dans une perspective de révision de la composition et des prérogatives du Sénat. Il faudra penser à lui donner un pouvoir législatif qu'il n'a pas. Comme il faudra dresser un seuil minimum de compétence pour y accéder. Lorsque la moyenne de sa composante n'a pas un niveau secondaire, on se demande bien quel sens donner à la représentativité que souhaiterait Bouteflika. Tant que la désignation est assimilée à une retraite dorée ou compensation pour services rendus, le Sénat ne sera q'une chambre d'enregistrement ou simple «écluse» de filtration des lois qui nuiraient à la pérennité du système. D'autant plus qu'a son état actuel, la chambre haute du Parlement n'assume pas pleinement sa mission originelle, à savoir trancher les plus grands dossiers engageant l'avenir du pays. Quand cette institution n'a même pas la capacité d'amender un article de loi, il est clair que la loi fondamentale doit être révisée pour permettre au Sénat de s'imposer véritablement en deuxième institution du pays.