Après avoir raté une bonne partie de la saisons automnale, en raison du mauvais temps, les quelque 4500 pêcheurs et patrons de pêche, que compte la corporation, devront subir de plein fouet la décision des armateurs de ne plus sortir en mer. Invoquant l'entrée en vigueur d'une nouvelle réglementation initiée par le ministère de la Pêche que dirige Ismaïl Mimoune, du MSP, les opérateurs de la filière, qui regroupe plus de 280 membres, vont entamer une procédure de défiance à l'égard de leur tutelle. C'est ainsi que depuis la dernière semaine de décembre, plus aucune embarcation n'a quitté le port de Mostaganem ou de Sidi Lakhdar. Le bras de fer risque de se prolonger pour une longue durée, d'autant que le titulaire du portefeuille ministériel se serait envolé vers le royaume wahhabite pour y effectuer le pèlerinage, en compagnie d'un panel gouvernemental et du premier responsable du MSP, par ailleurs, ministre d'Etat auprès de la présidence de la République. Une absence qui pourrait se prolonger après le retour du ministre, en raison des traditionnelles mœurs post-pèlerinages qui peuvent se prolonger durant un mois. Une trop longue période de vacance du pouvoir exécutif qui pourrait entamer de manière durable l'état d'esprit de toute la corporation. Déjà auparavant, cette période se caractérisait par une drastique baisse de l'activité de pêche, engendrant un flagrant manque à gagner pour le plus faible maillon de la chaîne que sont les matelots de 3e classe. Rémunérés à la part, ces derniers éprouvent d'énormes difficultés à joindre les deux bouts durant la grande partie de l'hiver. La diminution du nombre de jours de pêche et la rareté du poisson sont des contraintes qui influent négativement sur le pouvoir d'achat des marins-pêcheurs. Avec l'introduction de nouvelles mesures applicables dès l'entame de l'année 2007, ce sont quelque 275 armateurs qui décideront l'arrêt de toute activité. Les conséquences sur la vie économique sont considérables. D'abord, il y a la mise à l'arrêt de pas moins de 4500 matelots, la rupture d'activité pour plus de 300 mareyeurs, dont l'unique activité est directement liée au commerce du poisson. Mais il y a une autre conséquence qui aura d'autres répercussions sur l'activité portuaire. Elle découle directement de l'amarrage des bateaux sur les quais du port de commerce. En effet, depuis dix jours, le nombre de bateaux en rade est demeuré constant, alors qu'auparavant, du fait de l'activité des chalutiers, les quais étaient disponibles pour l'accostage des cargos. Ceci n'est plus possible depuis le mouvement de protestation des armateurs, dont les bateaux encombrent sans discontinuer une grande partie du port. Cette situation se traduit par le paiement de surestaries qui s'élèvent quotidiennement entre 4000 et 7000 dollars, selon le tonnage du navire. Conséquence inattendue, la rareté du poisson, notamment la sardine, a fait grimper les prix de la viande. Seuls quelques amateurs de pêche à la sèche y trouveront leur compte. Ne nécessitant parfois aucune embarcation, cette activité peut être pratiquée à partir de la plage. En effet, profitant de la saison de reproduction de ce décapode, les pêcheurs qui s'adonnent à cette activité saisonnière engrangent parfois des revenus très consistants. Ils seront bien les seuls à tirer profit de cette situation.