Les cours du pétrole ont perdu près de 10% de leur valeur, depuis le début de l'année. Après avoir résisté au-dessus du seuil des 60 dollars le baril depuis plusieurs semaines, les prix ont subi une nette baisse en quelques jours. Cette orientation du marché confirme les appréhensions de l'Opep qui a pris la décision d'opérer deux réductions de la production en l'espace de deux mois. Une première fois au Qatar, à Doha, lors d'une réunion consultative tenue les 19 et 20 octobre 2006. L'organisation avait décidé de réduire sa production de 1,2 million de barils par jour pour la porter à 26,3 millions de barils par jour à partir du 1er novembre 2006. Cette réduction était basée sur la production effective qui était de 27,5 millions de barils par jour. L'Irak n'étant pas concerné par le système des quotas. Les pays membres avaient jusqu'à la fin du mois de novembre pour mettre en pratique la décision. Moins de deux mois après, soit le 14 décembre 2006, et lors d'une autre réunion extraordinaire tenue à Abuja, l'organisation décide encore de réduire sa production de 500 000 barils par jour. A la veille de la réunion d'Abuja, les estimations concernant l'application de la première réduction décidée en octobre différaient d'une source à l'autre. Le taux d'application était compris entre 50 et 80% de la réduction, selon la source. Selon les indicateurs du marché pétrolier fournis par les services de l'Opep, la production globale des 10, qui était de 27,543 millions de barils par jour au mois d'octobre 2006, est passée à 26,898 millions de barils par jour au mois de novembre 2006. La production aurait ainsi connu une diminution de 645 000 barils par jour, soit une application d'environ 50% de la mesure décidée lors de la réunion de Doha. Bien que la décision de réduction du mois d'octobre n'ait pas été appliquée, l'Opep décide encore de réduire sa production de 500 000 barils par jour, réduction qui ne sera mise en application qu'à partir du 1er février 2007. Les pays membres de l'organisation ont préféré attendre la fin de l'hiver pour mettre à exécution cette mesure après que les grands pays consommateurs aient demandé à l'Opep de temporiser à cause de la forte demande qui est généralement induite par l'hiver. Les statistiques pour le mois de décembre n'ayant pas encore été publiées, il est difficile d'avoir une idée de l'évolution de la production et l'application de la première mesure de réduction de 1,2 million de barils par jour. A la fin du mois de janvier, la production des 10 pays membres devrait être de 26,3 millions de barils par jour. Et à partir de la fin du mois de février 2007, la production devra encore baisser de 500 000 barils par jour pour atteindre les 25,8 millions de barils par jour. Les deux mesures de réduction avaient été prises pour deux raisons essentielles. L'hiver 2006-2007 s'annonçait moins rigoureux que d'habitude, entraînant une baisse de la demande mondiale de pétrole. De plus, l'augmentation de la demande mondiale de pétrole pour l'année 2007 est estimée à 1,3 million de barils par jour. A eux seuls, les pays producteurs de pétrole non-membres de l'Opep peuvent largement répondre à cette augmentation puisqu'il est attendu que leur production dans l'ensemble augmentera de 1,8 million de barils par jour, selon les statistiques fournies par les services de l'Opep. A cela s'ajoute une abondance des stocks de pétrole dans les grands pays consommateurs. Un état des stocks qui pourrait faire chuter les prix considérablement si une partie de la production n'est pas enlevée. D'ailleurs, c'est surtout les deux facteurs de la météo avec des températures en hausse pour la saison et des stocks qui ont entraîné une chute des prix de 10% environ au cours des premiers jours de l'année 2007. Si les prix du pétrole ont terminé l'année 2006 au-dessus des 61 dollars, vendredi 5 janvier, les prix ont été en dessous de la barre des 55 dollars, soit leur plus bas niveau depuis une année et demie.L'augmentation des stocks de produits distillés et la baisse attendue de la demande en fioul domestique aux Etats-Unis à cause de la douceur de l'hiver ont fini par faire chuter les prix. Dans cette situation, les pays membres de l'Opep se retrouvent confrontés à un vieux problème qui ne s'est pas posé pour eux depuis plusieurs années, celui de conforter leur crédibilité vis-à-vis du marché en appliquant les deux réductions de la production décidées au mois d'octobre et au mois de décembre pour éviter un effondrement des prix. Hier à New York et vers 15h15 GMT, le baril de light sweet crude semblait se stabiliser au-dessus des 55 dollars à 55,65 dollars après avoir chuté à moins de 55 dollars. Tandis qu'à Londres, le baril de brent est repassé en début d'après-midi au-dessus de la barre des 55 dollars à 55,36 dollars.