Même si elle n'a pas fait grimper les cours, la décision de l'Opep de réduire la production a permis d'arrêter leur baisse après que les prix du baril de pétrole aient perdu près de 25% de leur valeur en quelques semaines. De près de 78 dollars le baril au début du mois de juillet, leur record historique, les cours étaient retombés à environ 59 dollars vers la fin du mois de septembre. Durant la semaine écoulée, le marché est resté volatil, bien que les variations n'étaient pas importantes. Les prix ont évolué dans la fourchette d'un peu moins de 58 dollars à un peu plus de 59 dollars. Le baril est passé en dessous des 60 dollars en début de semaine après que des chiffres émanant des douanes chinoises aient fait état d'un ralentissement de la demande chinoise en pétrole. Alors que le marché était habitué à des augmentations de 10% environ par mois, l'augmentation de la demande chinoise en pétrole n'a été que de 3% au mois de septembre. C'est le deuxieme signe d'un ralentissement de la demande mondiale en pétrole. Vers la fin du mois d'octobre, le département américain du commerce rendait publics les chiffres trimestriels de l'évolution économique aux Etats-Unis. Selon le rapport officiel, la croissance américaine a été de 1,6% au troisième trimestre en rythme annuel. Au deuxieme trimestre la croissance avait été de 2,6%. C'est la première fois depuis le premier trimestre 2003 que la croissance est aussi faible. Ce recul entraîne automatiquement une baisse de la demande en pétrole sur le marché américain. Or quand on connaît l'importance de ce marché qui absorbe environ 25% de la production mondiale de pétrole, on comprend mieux le recul des prix du baril de pétrole. Pour la Maison-Blanche ce recul s'explique par l'effet conjugué des prix de l'énergie et l'augmentation des taux d'intérêts. Toutefois beaucoup d'analystes ne perdent pas espoir de voir l'économie américaine rebondir. La réserve fédérale a laissé les taux d'intérêts inchangés à la fin du mois d'octobre. Selon le communiqué du 25 octobre, elle indique que « la croissance économique a ralenti depuis le début de l'année, reflétant en partie le ralentissement du marché immobilier ». Mais les prévisions de la FED restent optimistes puisqu'elle considère qu'« à l'avenir, l'économie devrait croître à un rythme modéré ». La baisse de la demande en pétrole sur le marché américain s'est conjuguée à la baisse de la demande en pétrole sur un autre grand marché, celui de la Chine. Avec une consommation de près de sept millions de barils de pétrole par jour, la Chine est devenu le deuxième plus grand consommateur après les Etats Unis et son rôle sur le marché est devenu déterminant. A ce propos les statistiques publiées en Chine sont surveillées de très près par le marché. Les chiffres hebdomadaires des stocks de produits pétroliers aux Etats-Unis n'ont pas fait bouger beaucoup le marché même si la hausse des réserves de pétrole brut a été moins importante que prévue de deux millions de barils. Les prévisions météorologiques qui indiquent un climat doux aux Etats-Unis ont contribué aussi à la baisse des cours en dessous du seuil des 60 dollars le baril durant la semaine. Vendredi deux facteurs ont supporté les prix du pétrole, la publication des statistiques sur l'emploi avec une baisse du taux de chômage à 4,4% aux Etats-Unis et la diffusion d'une mise en garde sur de probables attaques d'installations pétrolières au Nigeria. A New York, le baril de light sweet crude était coté à 58,80 dollars vers 17h GMT. Tandis qu'à Londres, le brent était à 58,90 dollars. Le marché a enregistré aussi les contradictions véhiculées par des ministres de l'Opep. Ainsi, la semaine dernière, le ministre koweïtien du pétrole a contribué à faire baisser un peu les prix du pétrole en déclarant que la réduction de la production pouvait être appliquée jusqu'à la fin du mois de novembre alors que le communiqué officiel de l'Opep parlait d'une mise en oeuvre de la réduction à partir du 1er novembre. La semaine passée aussi, alors que le ministre algérien de l'Energie déclarait à Alger qu'il était possible que l'Opep réduise sa production encore au mois de décembre lors de la réunion d'Abuja, le ministre iranien déclarait juste après qu'il était inutile de réduire encore la production et que celle de Doha était suffisante.