Deux diplomates saoudiens ont été arrêtés, dans la nuit de mercredi à jeudi, à Brézina, dans la localité d'El Bayadh, alors qu'ils étaient en train de chasser une espèce de gazelle protégée par la loi, a-t-on appris de source locale. Les diplomates munis de fusils de chasse étaient à bord de deux véhicules tout-terrains, type Station, lorsque les gendarmes les avaient interpellés au sud de la ville de Brézina, en possession de plusieurs têtes de gazelles et assistés par huit Algériens de la région de Laghouat. Après avoir saisi les fusils de chasse, des jumelles et les véhicules, les gendarmes ont déféré, hier, devant le parquet d'El Bayadh, les huit accompagnateurs des braconniers dont les auditions devant le juge d'instruction se sont poursuivies tard dans la soirée. Les braconniers saoudiens ont, quant à eux, été entendus par les gendarmes sur procès-verbal puis laissés en liberté. Ils ne peuvent être auditionnés par le juge qu'une fois leur immunité diplomatique levée par les instances concernées. Une procédure dans ce sens a été engagée, nous a-t-on indiqué. L'arrestation de ces braconniers et la présentation à la justice de leur huit complices ont fait le tour de la ville d'El Bayadh et sont devenues le sujet de discussion de toute la population, pas habituée à voir les chasseurs de gazelles et d'outardes, des espèces protégées par la loi, en vertu de l'ordonnance 05/06 du 15 juillet 2006, relative à la préservation des espèces animales en voie de disparition, punis pour leurs actes gravissimes. Elle intervient, faut-il le rappeler, près d'un mois après le procès énigmatique de deux richissimes koweïtiens condamnés par le même tribunal à une peine de six mois de prison avec sursis pour braconnage assortie d'une amende de 50 000 DA. Les deux mis en cause avaient été arrêtés par les gendarmes en situation de flagrant délit, au lieudit Khnig, situé à 120 km au sud de Brézina, alors qu'ils étaient en train de chasser l'outarde, un volatile de la région protégé par l'ordonnance présidentielle n°06-05. Ils étaient à bord d'un Toyota Hilux et avaient en leur possession six outardes tuées. Les peines prononcées ont suscité de lourdes interrogations de l'opinion publique, du fait qu'elles étaient en deçà des sanctions prévues par l'ordonnance 05/06. En effet, cette ordonnance prévoit de lourdes peines dans son chapitre relatif aux mesures coercitives. Ainsi, l'article 9 stipule que toute infraction aux dispositions de l'article 4 (la chasse) est punie d'un emprisonnement d'un an à trois ans et d'une amende de 200 000 DA à 500 000 DA. Cette loi punit non seulement les braconniers, mais également toute personne ayant permis, facilité, aidé ou contribué par quelque façon que ce soit à la chasse ou à la capture, la détention, le transport et la commercialisation des animaux en voie de disparition. Ces intermédiaires sont passibles de 1 an à 2 ans de prison et d'une amende de 100 000 DA à 300 000 DA. Visiblement, les juges ayant prononcé le verdict au tribunal d'El Bayadh ne se sont pas basés sur cette nouvelle loi, qui ne prévoit aucune peine avec sursis, encore moins une amende de 50 000 DA. Cette ordonnance est très claire au sujet de la confiscation des moyens utilisés pour le braconnage, puisque les deux Koweïtiens ont repris leurs véhicules. Peut-on espérer que la justice puisse un jour mettre un terme à ce massacre organisé de notre patrimoine animalier en voie de disparition, d'autant que du côté des services de sécurité, les interventions semblent de plus en plus sérieuses.