Quand on évoque le passé culturel d'Aïn Beïda, on doit se morfondre quelque part, car la ville n'a plus de présent qui se conjugue avec les arts et les lettres. Non qu'elle n'ait plus de talents ou d'hommes de lettres, mais la vie culturelle semble s'être figée durant toutes ces dernières années, pour ne ressembler qu'à une peau de chagrin. Combien d'hommes de culture la ville des Haractas a-t-elle vu naître et grandir ? On en dresserait une liste pléthorique si on le demandait. Nous ne citerons à titre d'exemple que les plus fameux d'entre eux, comme Med Laïd Al Khalifa, Rachid Boudjedra, Rachid Koreichi, Hafsa Zinaï, Chérif Chenatlia… Hélas, aujourd'hui, il n'existe ni bibliothèque, ni théâtre, ni musée, ni aucun autre espace culturel à même de promouvoir les arts et les lettres. Pourtant, Aïn Beida s'enorgueillit d'une pléthore d'artistes peintres qui, pour peu qu'on les encourage, pourraient ouvrir des galeries pour recevoir visiteurs et touristes. D.Louafi, Benmechri, les frères Boumegoura, Sahdi, Abdellaoui et tant d'autres artistes œuvrent loin des feux de la rampe, presque en catimini. Des trois salles obscures qui drainaient autrefois des foules de cinéphiles, il n'en reste plus qu'une seule. Le cinéma An Nasr continue vaille que vaille à projeter des films à l'intention des jeunes, surtout des films d'action, ce dont les ados raffolent. Hormis cet espace, Aïn Beida vit une disette culturelle sans précédent. Même les troupes théâtrales n'y font plus escale. Ah ! Le désert qui n'en finit pas de s'étendre, uniforme, morose et qu'aucun spectacle ne vient briser ! A moins d'un miracle, la ville continuera à broyer du noir, faute de lieux dispensant culture et arts. En tout état de cause, il faudra attendre la fin des travaux de rénovation entrepris au niveau de la salle des fêtes, qui est appelée à devenir un théâtre régional et aussi l'achèvement du centre culturel, situé à la sortie ouest de la ville, pour que peut-être s'ébroue la scène culturelle, longtemps restée en léthargie. Mais il faudra surtout que les gens férus de culture mettent la main à la pâte, et encore...