De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi Constantine n'aura accueilli aucune semaine culturelle dans le cadre des échanges inter-wilayas institués par le département de Khalida Toumi. Excepté le Festival national du malouf qui s'est déroulé en juillet dernier, la ville de Benbadis a fait appel aux chanteurs au répertoire léger pour animer des soirées sans véritable thématique. Pourvu que l'on coche le calendrier estival et qu'on épuise le budget dégagé à cet effet, donnant ainsi l'impression d'avoir animé Cirta en été. Ce qui n'est que du remplissage culturel pour maintenir l'équilibre et faire semblant d'exister sur les plateaux des festivités. Quelle initiative culturelle émanant de la direction de la culture a vu le jour sans être accolée à un cadre officiel durant cet été ? En fait, on ne déniche pas vraiment les promoteurs d'idées. Si cela survenait, il faut attendre la bonne date pour exposer leur talent et n'en faire qu'une simple récupération, voire usurpation. Après Alger, l'hiver dernier, Constantine a préféré transporter son patrimoine culturel à Annaba -faute d'une wilaya invitée-, un choix pour le moins hasardeux si l'on sait que l'ex-directeur de la culture de cette ville occupait le même poste à Constantine et que le nouveau wali de Annaba pilotait Constantine il y a peu d'années. Il n'empêche que Constantine était au grand complet à Annaba pour étaler ses produits que nul ne peut contester, «de la cuisine au malouf». C'est le seul échange inter-wilayas inscrit au menu de cet été. Pour le reste, la ville millénaire ronge son quotidien culturel loin des espaces pourtant dévolus à cette activité, en dépit de l'existence de quelques individualités, mais souvent privées de salles de conférences, comme en témoigne la salle Malek Haddad, toujours en état de veille, sanctionnant, de ce fait, la production artistique culturelle de quelque nature qu'elle soit. Tout est orienté vers le théâtre de Verdure, seul espace habilité à abriter des soirées de «défoulement», puisque le mot est lâché, le cachet culturel pendant cette saison estivale qui s'achève aura connu la délivrance sans touche artistique à la hauteur des valeurs culturelles de la cité. Même les échanges intra-muros sont demeurés mitigés. Pas de projection de films, cela nous amènerait directement à «piquer» les décideurs locaux sur la relance de l'activité de la cinémathèque fermée depuis des années… Pis, pour meubler ce manque, le comité culturel communal a promis un substitut provisoire qui, malheureusement, n'a pas vu le jour, en raison du manque de moyens financiers, en plus du niet affiché par les responsables catalyseurs. Il s'agissait de projections de films «on air». Quelle promesse du comité culturel de la mairie dans la perspective de l'action culturelle d'été a-t-elle été concrétisée ? A Constantine, il paraît que la culture dissocie ses acteurs. Les trois pôles censés booster ce secteur (direction de la culture, associations partisanes, comité culturel de l'APC) tirent sur les chimères en période «extra officielles». Et la sanction est immédiate sur la population, du moins celle dont le souci porte sur l'originalité. «Le comité culturel de l'APC œuvre presque en solo. De plus, il ne semble être dédié qu'à l'activité des officiels», indique une source proche de cette sphère qui ajoute : «Les propositions de ses membres ne reflètent pas vraiment la réalité du terrain. A titre d'exemple, comment pourrait–on projeter des films dans des cités alors que la mairie n'a pas de moyens, voire de camions pour effectuer cette opération ?» Un autre son de cloche laisse entendre qu'entre la municipalité et la wilaya le fossé est profond. Le chef de l'exécutif n'adhèrerait pas vraiment aux idées «communales», du fait des retards accusés dans différents secteurs de développement de la wilaya relevant des prérogatives de l'hôtel de ville. Une inadéquation qui se répercute inéluctablement sur le toit culturel de la ville, dès lors que la direction de la culture baye aux corneilles au lieu d'être présente et «jalouse» pour porter à elle seule la couronne des Beaux-Arts, faute de créer une osmose avec tous les artisans de cet espace. A vrai dire, Constantine, riche en lettres, a besoin d'un essor pour faire valoir ses racines et non de «foule passagère» qui surgisse opportunément. Lorsqu'on parviendra vraiment à respirer à fond les lettres de noblesse du patrimoine constantinois, il sera difficile de le «malmener», voire de le ranger uniquement du côté des circonstances. Constantine n'a pas réellement brillé cet été. Elle ne brillera pas non plus l'année prochaine, si un coup dans la fourmilière n'est pas donné dans ses archives pour faire valoir ses dimensions… et écarter du coup… cette foule passagère.