Après Mascate, la capitale omanaise, qui a été capitale de la culture arabe l'année précédente, c'est au tour d'Alger la blanche de prendre le relais pour accueillir ses hôtes arabes à partir de demain. Le ministère de la Culture, de concert avec le commissariat de l'événement « Alger, capitale de la culture arabe », a concocté un programme étoffé pour l'année en cours avec le lancement de plusieurs productions artistiques. Une opportunité, selon Kamel Bouchama, coordinateur de la manifestation, de bondir sur le bon pied afin de faire sortir le secteur de la culture de son marasme, a fortiori la manne consentie à cet effet avoisine les 600 milliards de centimes. Un beau pactole qui sera réparti entre les différentes commissions (arts visuels, cinéma et audiovisuel, musique, théâtre, livres) pour leurs productions respectives prévues lors de cet événement. Dans ce contexte, il est prévu la publication de 1000 titres dont 102 œuvres rééditées et 90 traduites d'auteurs algériens et maghrébins vers les langues arabe et amazighe, selon Hacène Bendif, responsable de la commission livres. Les ouvrages retenus par le comité national embrassent les différents genres (essai, roman, poésie, nouvelle et bande dessinée) outre la réédition par le ministère de la Culture de beaux livres consacrés au patrimoine matériel et immatériel. Aussi, plusieurs salons du livre sont au programme, dont le Salon maghrébin du livre prévu le mois prochain, le Salon du livre de jeunesse en mars et le Salon du livre arabe en décembre 2007 qui verra la remise de cinq prix littéraires. En dehors des cafés littéraires et philosophiques autour d'éminentes personnalités nationales et écrivains arabes et de la caravane arabe du livre qui sillonnera les villes du pays durant toute l'année, il est prévu des résidences d'écriture avec des auteurs arabes, qui plancheront, l'espace de deux mois — avril et mai — sur des projets en commun que la revue mensuelle Thâqafa mettra en évidence. Dans le chapitre consacré aux arts visuels (arts plastiques, design et photographie), plusieurs vernissages et rencontres auront trait à ce volet, notamment avec un éventail d'expositions d'œuvres autour de « La peinture contemporaine arabe et algérienne », « La peinture contemporaine arabe », « L'art et la Révolution algérienne », « L'impact de l'Algérie dans l'inspiration des artistes orientalistes des XVIIIe, XIXe et XXe siècles », « La peinture algérienne à travers les différentes générations » et « La calligraphie arabe », en sus des hommages consacrés à des artistes qui ont marqué l'histoire de la peinture algérienne, à l'image du peintre orientaliste Nacer Eddine Dinet dont des œuvres ont été récupérées par le Musée national éponyme de Bou Saâda. S'agissant du volet « Musique et danse », des spectacles collectifs issus des résidences de création mixte dans différents genres (andalou, sacré, bedoui, symphonique et chorégraphie) seront présentés au public à partir de juillet. Tirer le patrimoine musical de l'oubli Outre l'organisation de rencontres en guise d'hommage à des figures marquantes de la musique algérienne (Iguerbouchen, Hadj M'hamed El Anka, Hadj Hachemi Guerrouabi…), il y a lieu de souligner qu'« un programme d'enregistrement du patrimoine national musical sera enregistré entre février et fin novembre, et ce, avec le concours de la Radio nationale et l'Onda. C'est une opération qui permettra de déterrer un pan de notre legs musical tous genres confondus, qui se résume dans l'édition d'œuvres d'une centaine d'interprètes anciens algériens tels cheikh Hamada, Maâlma Yamna, Abdelkrim Dali, Fadila Dziria, Sadek El Bedjaoui, etc., que nous ne retrouvons, malheureusement, plus sur le marché », tient à expliquer Abdelkader Bendamèche, responsable de la commission musique, chorégraphie et création artistique. Côté colloque, il est prévu au mois de mai prochain, la tenue à Alger, du 19e Congrès de l'académie arabe de musique. Dans le cadre des semaines culturelles des pays arabes, des stars internationales se relayeront, l'année durant, pour agrémenter les soirées musicales du public algérois. Il en est de même pour les directeurs de culture de wilaya du pays qui doivent mobiliser leurs « troupes » pour mettre en relief, à travers des semaines culturelles à Alger, le patrimoine culturel de leurs régions respectives. Premier coup de clap d'une œuvre sur l'Emir en novembre prochain. Concernant le département cinéma et audiovisuel, quatre cent millions de dinars ont été affectés pour la réalisation de 80 longs et courts métrages et des films documentaires. Mme Khalida Toumi a exhorté les producteurs à livrer leurs œuvres avant décembre 2007. Pour l'instant, à peine sept ou huit réalisateurs viennent de donner le premier clap de leurs films parmi les 22 programmés dont une comédie musicale. Dans la foulée, le fait marquant de l'audiovisuel pour cette année, est le lancement du premier tour de manivelle de la « superproduction cinématographique » consacrée à la vie de l'Emir Abdelkader, prévu pour le 1er novembre prochain. Un long métrage dont nous ignorons de quel scénario il puise son inspiration : de l'écriture de Boualem Bessaieh ou de l'ouvrage de Waciny Laredj, intitulé Le livre de l'Emir ? Quant au volet théâtre, une quarantaine de troupes nationales et internationales fouleront les planches des salles affectées à l'événement à partir de janvier. Le TNA, quant à lui, présentera sept nouvelles productions et le coup de gong de la saison théâtrale sera donné le 14 janvier avec la pièce intitulée Le Dernier conteur (El Hakawati el akhir), une œuvre écrite par le dramaturge marocain Abdelkrim Berchid et mise en scène par le Tunisien Mounji Benbrahim. Enfin, quinze festivals institutionnels de musique sont au programme à partir du mois de juin.