Dans son exposé en direction des étudiants de l'Université africaine Ahmed Draïa lors du dernier colloque sur l'eau, intitulé « Développement durable, Utopies et Réalités », le docteur Jean A. Vergnès, conseiller scientifique du Réseau méditerranéen des écoles d'ingénieurs et consultant Unesco affiche énergiquement son consentement inconditionnel au projet de société défini en tant que « développement durable » comme solution universelle pour une optimisation de la gestion de l'eau de la planète et à la préservation de ses ressources menacées par les pollutions, la surexploitation, etc. « Le développement durable », ce concept a été proposé par le Sommet de Rio en 1992 comme une solution globale aux problèmes relatifs à l'impact du développement des activités socio-économiques des hommes sur le devenir de l'humanité et de sa planète. Ce projet est appuyé et accompagné par une stratégie « l'Agenda 21 » qui a pour mission la prise en charge de tous ces problèmes, tout en tenant compte des spécificités régionales et en intégrant les nouveaux modes de vie avec toutes les conséquences sociales et technologiques qui en découleront. Reconnaissant la présence d'ambiguïtés liées au concept « développement durable », M. Vergnès accorde l'avantage et l'intérêt à la stratégie qui l'accompagne, même si cette dernière ne garantit pas la solution à tous les problèmes mais au moins elle contribue à amoindrir les effets et repousse les échéances. Cette stratégie, qui intègre tous les problèmes interdépendants de l'eau et ceux des énergies que le conférencier qualifie de trépied du développement durable, nécessite des prises de décision en fonction des contraintes du présent (sociales, économiques et écologiques…) et du futur (réchauffement climatique, besoins des générations futures…). M. Vergnès pose ainsi la question sur le comportement d'un pays dans la conciliation entre la politique de l'eau et le développement durable, avec une réponse toute naturelle sur leur coexistence, avec une séparation de tutelle pour la première, ce sera les structures administratives (direction générale, ministère) et pour la seconde cela devra relever des structures interministérielles. D'après l'orateur et son exposé, la réussite de ce projet reste tributaire de plusieurs facteurs, à savoir la volonté politique des responsables institutionnels et des décisions pour l'action, les moyens financiers, l'intégration des incidences économiques, sociales et écologiques, l'implication directe des populations aux processus et aux décisions, ainsi que leur information, sensibilisation et formation. Cependant, c'est le temps nécessaire à réunir tous ces éléments qui donne un caractère utopique à ce processus. Il terminera par une citation de M. O. Palme (1972) : « L'avenir de la planète est entièrement entre nos mains et si des catastrophes surviennent un jour, ce sera en raison de nos mauvaises décisions politiques ou de notre absence de décisions politiques. »