Le premier jour du calendrier berbère,Yennayer, a été célébré, dans la soirée d'avant-hier, à l'auditorium de la Radio nationale. Il fallait jouer des coudes pour prendre place. Quoique peu étoffé, le programme concocté à l'occasion de l'émission diffusée par la Chaîne II, Ighzif ayid, a réuni quelques figures très en vue de la scène artistique kabyle. Ainsi, le groupe Ichnwieyen, longtemps absent de la scène artistique, était de la partie. Ses membres furent parmi les premiers à braver l'interdit éhonté en s'exprimant dans cette variante du berbère. La soirée était l'occasion toute retrouvée pour ces artistes de l'antique Césarée (Cherchell) de renouer avec leurs habitudes et surtout, assurent-ils, se retrouver entre eux après une longue errance. L'exil, soutiennent-ils, leur fut fatal en raison du fait qu'au sein de la diaspora kabyle, une communauté chenouie structurée n'a pas d'existence. Da L'Mulud qui fut leur dernier succès -3 albums ont été sortis par le groupe- a été chanté à l'occasion. Les membres de la chorale Anzar de la Maison de la culture Mouloud Mammeri à Tizi Ouzou ont donné également de la voix en chantant au début un air du terroir sous la houlette de Rabah Tissilia. Acclamées par le public, deux voix féminines du groupe ont interprété des airs connus. Le public connaisseur ne s'y est pas trompé en les applaudissant à tout rompre. Toujours aussi ingénieux, Boualem Chaker ne se départira pas de son feeling en égrenant sa chanson dans laquelle il rend gloire au père, Ababa, interprétée il y a plus de 26 ans. Ce chanteur au long cours n'a nullement perdu de sa verve. Aït Menguellet célébrera, cette année, faut-il le rappeler, ses 40 ans de chanson. 40 ans après son passage dans l'émission de Cherif Kheddam, ce chanteur qui portera haut la parole des Amazighs est devenu plus tempéré et a gagné de l'embonpoint, font remarquer ses admirateurs. Lesquels, d'ailleurs toujours aussi attentifs que les premiers jours, feront un accueil affable à celui qui se dit être « un homme ordinaire, plus ordinaire que les ordinaires ». Les chanteurs que l'enfant d'Ighil Boummas a rejoints se remémoreront les temps révolus où il les faisait passer en première partie de ses spectacles à Alger. D'ailleurs, ils lui en sauront toujours gré. C'est ainsi que Rabah Ouali interprètera des airs de Georges Brassens en y évoquant expressément Aït Menguellet. Celui-ci se souviendra de sa rencontre avec Ouali en disant qu'il est toujours « maladroit » en jouant de la guitare. Aït Menguellet saura faire vibrer le public dès l'entame avec Almusiw. Suivront les chansonnettes qui l'ont révélé à ce public jeune qui en fait toujours son idole incontestée. Ce public fera corps avec son artiste en exigeant des airs. Aït Menguellet affirmera qu'une tournée décidée avec l'Onci est prévue. L'Office décidera ultérieurement des dates et lieux. Cependant, prenant le contrepied de l'artiste, l'animatrice de l'émission assure que cette tournée sera entamée le 18 du mois en cours. Une autre, programmée pour la fin de l'année, le mènera dans quelques villes de l'Hexagone. Si Moh fera également une brève apparition sur la scène de l'auditorium.