Montréal devient, au rythme de l'élargissement de la communauté au Canada, une destination incontournable pour les artistes algériens. Paris et Marseille seraient passés d'époque. Samedi dernier au théâtre Plaza, une ancienne salle de cinéma construite en 1922 et reconvertie en belle salle de spectacles, la Fraternité algéro-canadienne (FAC) a organisé une soirée de variétés pour les Algériens de Montréal. Animée par l'incontournable maître de cérémonie, le chanteur Djamel Lahlou a invité le public à danser dès son apparition sur scène. La soirée qui a duré un peu plus de 3 heures a permis au public présent composé de jeunes, de moins jeunes et de familles, nostalgiques de l'ambiance du pays, de goûter à différents registres de la musique algérienne. Manou le Canadien a entamé un tour de chant durant lequel il a repris quelques chansons raï (Joséphine…) et une chanson de son dernier album, la Fidélité. Le beau gosse de Montréal a allégrement fait remplir la piste de danse. Hakim Salhi, le Michael Jackson algérien pour la génération 1980, très à l'aise sur scène, a enchaîné sur un rythme soutenu, suivi par un public qui en redemandait et qui lui a imposé de chanter Sahraoui. Le chanteur s'en est même excusé auprès de cheba Sihem et Mourad Djaâfri qui devaient le suivre ! Cheba Sihem, habillée en tigresse, a donné le ton de sa prestation en exigeant du public une participation totale lors de son passage. Le public le lui a bien rendu. Les derniers hésitants ont envahi la piste lorsqu'elle a entamé Khelli tekhla khelli. Le clou de la soirée a été, sans conteste, le passage de Mourad Djaâfri. Il a enchanté les présents par Zinek ya lalla qu'il a enchaîné a capella avec Hobbek hob chdid, reprise par le public à la grande surprise du chanteur chaâbi qui a arrêté son tour de chant pour dire : « Je croyais qu'au Canada, vous aviez oublié les chansons. Vous valez 20 heures de vol d'avion. » Il a continué avec, entre autres, Wahdani gharib, un clin d'œil aux immigrants et une chanson louant toutes les régions d'Algérie. A la fin de la soirée, tous les chanteurs sont montés sur scène pour entamer une dernière chanson en groupe où ils ont esquissé des pas de danse au grand bonheur du public. L'auteur de l'article, quant à lui, a eu droit à une leçon de journalisme version 2007, de la part du manager d'une chanteuse algérienne qui n'a pas apprécié qu'on ne lui ait pas consacré plus d'espace lors d'une récente couverture. Apparemment, pour le monsieur tout est manipulé et derrière chaque journaliste, il y a un général qui dicte les écrits. Sans susceptibilité aucune, nos chanteurs de la soirée de samedi dernier ont promis de ne pas compter les mots consacrés à chacun d'eux. D'aucuns aussi n'aiment pas quand le chaâbi croise le raï. On a beau ne pas aimer ce mélange des genres mais il faut avoir la lucidité de reconnaître qu'il n'y a pas mieux que celui-ci pour exprimer toute la diversité de la culture algérienne.