La contrefaçon est un véritable fléau en Algérie. Si le phénomène, lucratif, touche plus particulièrement les secteurs des cosmétiques et des pièces automobiles, le préjudice économique reste immense et les conséquences pratiques peuvent s'avérer dramatiques. A l'initiative du World Trade Center Algeria (WTCAA), une rencontre a été organisée hier à Alger sur le thème de la contrefaçon et l'ampleur que ce phénomène a prise ces dernières années en Algérie. Les interventions des experts et des représentants des institutions concernées (Douanes, ONDA, INAPI, ministère du Commerce et services de sécurité) ont mis en exergue la gravité des conséquences de la contrefaçon pour l'économie nationale, la société et les consommateurs en général. « Le marché algérien offre malheureusement un environnement propice au développement de la contrefaçon et aucun secteur n'est aujourd'hui épargné, pas même les produits nationaux de qualité qui sont de plus en plus contrefaits localement ou à l'étranger », souligne Abdelmadjid Bali, consultant au WTCAA. Pour les responsables du ministère du Commerce, l'Algérie est devenue un véritable producteur de la contrefaçon, puisque près de 40% de la production locale est contrefaite contre 41% de la production importée. Ces produits concurrenceraient le marché légal à hauteur de 35% pour les cosmétiques, parfums et articles d'hygiène, 30% pour les vêtements et chaussures, 12% pour les appareils électriques et électroniques et 50% pour les pièces de rechange automobile. Dans le domaine des droits d'auteur, la contrefaçon a pris ces dernières années des proportions alarmantes, affirme le DG de l'ONDA. Qu'il s'agisse de produits phonogrammes, vidéogrammes ou d'œuvres audiovisuelles, le phénomène de l'imitation frauduleuse en Algérie touche aujourd'hui tous les droits d'auteur en dépit des textes de loi et autres dispositions juridiques élaborés pour protéger les droits des créateurs d'œuvres. Pour sa part, la directrice générale de l'INAPI, Mme Kadri Nabila, mettra en exergue dans son intervention la nécessité de procurer protection et sécurité aux marques, études et recherches, ce à quoi s'attellent les conventions internationales ratifiées par les pays, dont l'Algérie, qui a adhéré à pas moins de 8 protocoles internationaux. L'INAPI a enregistré en 2006 quelque 4200 demandes de protection de marques étrangères et 4000 autres demandes provenant de marques locales. Les représentants des Douanes ont indiqué de leur côté que la contrefaçon concerne beaucoup plus la propriété industrielle et affecte notamment des produits beaucoup plus nuisibles aux consommateurs. Le nombre de produits contrefaits circulant en Algérie est en nette progression. Les saisies opérées par les Douanes ont augmenté, atteignant 815 000 articles en 2006 contre seulement 1,7 million en quatre ans (2002-2005). Rappelons enfin qu'une étude menée par le Groupe de protection des marques en Algérie (GPM) a montré que la contrefaçon fait perdre à l'économie algérienne chaque année plus de 20 milliards de dinars, 7000 emplois qui auraient pu être créés et 14 milliards de dinars en recettes fiscales. Il convient de noter que le World Trade Center Algeria propose la mise en place d'une cellule de veille, de réflexion et d'information sur la contrefaçon qui aura pour mission, entre autres, de présenter des analyses et des observations sur ce phénomène. Une campagne de communication sera également lancée à l'endroit des consommateurs et des agents économiques algériens sur les méfaits de ce fléau.