Venant juste après les pays asiatiques, l'Algérie occupe la 7e position mondiale dans le piratage des logiciels. La tâche est immense: le ver est dans le fruit. En prévision de l'accession de l'Algérie à l'Organisation mondiale du commerce (OMC), il y a lieu de donner un coup de fouet à la lutte engagée contre l'économie informelle qui va de pair avec la contrefaçon, phénomène mondial qui prend de plus en plus d'ampleur chez nous. «La contrefaçon est très dangereuse (...) surtout si elle touche à la santé publique à travers la contrefaçon des médicaments ou à la sécurité publique à travers celle des pièces détachées de véhicules et autres.» A partir de ce constat, pour le moins inquiétant, le ministère de la Justice a reconnu lors d'un séminaire récent les difficultés de lutte contre ce fléau. «Aussi est-il nécessaire de donner à la Gendarmerie nationale et aux Douanes de plus grandes prérogatives pour lutter efficacement contre la contrefaçon», a estimé ce département. Selon l'Office national des droits d'auteur (Onda), le nombre des produits contrefaits dépasse l'entendement pour atteindre le seuil de 40%. Les Douanes algériennes estiment que la majeure partie des articles saisis sont des pièces détachées, des produits cosmétiques et alimentaires fabriqués frauduleusement en Chine, pays contrefacteur par excellence à l'échelle planétaire. Aujourd'hui, les Douanes algériennes disposent d'un cadre juridique et réglementaire pour lutter contre ce mal après cette mise à niveau de la législation algérienne ainsi que la formation des agents des douanes et des experts de l'inspection du commerce et de la justice. Côté formation, il a été suggéré d'introduire des modules sur le sujet au sein des universités algériennes pour préparer les futurs cadres à faire face à la contrefaçon qui a envahi, outre les marchés informels, même les magasins ayant pignon sur rue avec des produits contrefaits et d'imitation de marques connues, et ce, en dépit de la loi qui interdit formellement cette pratique. A Alger, à Laâkiba, El-Hamiz ou «Dubaï», les produits contrefaits se vendent à profusion. C'est le cas aussi dans la majorité des grandes villes comme Constantine à la vieille Souika, et Oran à M'dina Jdida. Dans ces marchés, on trouve toutes les marques, les authentiques et les autres. Les cosmétiques sont les plus touchés. Si les pays de provenance sont pour la plupart asiatiques, sont également cités les pays du Golfe dont la marchandise transite via la Libye ou la Tunisie. Les détergents et la pièce détachée n'y échappent pas et une enquête établie par le ministère du Commerce fait état d'un taux d'infraction de l'ordre de 50% dans les textiles et de 40% dans les cosmétiques et articles chaussants. «Le vide juridique en matière de réglementation pose problème. Malgré l'existence d'une loi, il est nécessaire de concevoir des textes réglementaires spécifiant les caractéristiques des produits, l'aire géographique concernée et la liste des personnes habilitées à utiliser l'appellation d'origine», analyse un responsable du secteur. L'OMC demande des comptes. En termes plus simples, les pays membres de l'OMC demandent la protection de leurs marques, des garanties que l'Algérie devra fournir. Selon les statistiques, 1,3 million d'articles contrefaits entrent annuellement en Algérie dont 40% sont manufacturés localement. Pour obtenir des résultats tangibles, le ministère du Commerce a créé un centre de perfectionnement pour les agents de contrôle et un laboratoire d'essai et d'analyse de toutes les gammes des produits industriels et décidé le recrutement de 1500 universitaires pour améliorer l'efficience du contrôle. La mise en place d'une cellule de veille, de réflexion et d'information sur la contrefaçon a été annoncée en janvier 2007 par le World Trade Center Algeria (Wtcaa) lors d'un colloque. Diverses campagnes de sensibilisation devaient être menées: une exposition de produits contrefaits et une campagne de communication en direction des consommateurs et des agents économiques algériens. Dans la perspective de sa prochaine adhésion à l'OMC, l'Algérie a renforcé la lutte anti-contrefaçon. A cet effet, un nouveau Code des Douanes a été élaboré en collaboration avec le FMI et 14 textes de loi ont été amendés. Ce nouveau système de gestion des risques devra réduire de 40% la facture économique de la contrefaçon et apportera la confiance nécessaire aux investisseurs. D'après une étude réalisée par Microsoft, 84% des logiciels circulant en Algérie sont piratés et 60% des micro-ordinateurs seraient clonés.