La lutte contre ce phénomène est à prendre en considération en prévision de l'adhésion de l'Algérie à l'OMC. Véritable fléau, la contrefaçon se tisse comme une toile d'araignée. Si le phénomène, très lucratif, touche plus particulièrement les secteurs des cosmétiques, de l'électroménager, l'agroalimentaire, des jouets et des pièces automobiles, le préjudice économique reste immense et les conséquences pratiques peuvent s'avérer dramatiques. Devant l'absence de chiffres, il est difficile de situer les pertes financières que fait subir la contrefaçon à l'économie nationale. Pour rappel en 2003, le chiffre d'affaire réalisé par l'informel était de 4,5 millions de dollars. A écouter les différents opérateurs économiques, l'économie trouve, à travers la contrefaçon, une dérégulation désormais inquiétante d'autant qu'elle touche directement à la santé, la sécurité et l'environnement du consommateur. En effet, la contrefaçon de pièces de rechange, la plus répandue, peut causer aussi bien des pertes matérielles qu'humaines. Les pièces automobiles touchent directement à la sécurité du citoyen. «Aussi, nous ne pouvons admettre qu'on puisse laisser se commercialiser librement des pièces de qualité non contrôlée. Le danger se manifeste chaque jour sur nos routes en raison de pièces défectueuses, il est temps que cela cesse», avertissait récemment Mohamed Siad, importateur de pièces automobiles. Quelle attitude par conséquent adopter aujourd'hui face à la contrefaçon qui plonge ses racines aussi bien dans le secteur informel que le secteur formel? Quelle stratégie et actions mener pour tenter de contrer ce phénomène portant préjudice à l'économie nationale? Des questions auxquelles ont tenté de répondre les différents intervenants ayant pris part, hier, au séminaire régional sur la contrefaçon et la protection des consommateurs, organisé par le ministère du Commerce au centre Azur-Plage de Zéralda. «La contrefaçon touche 10% du commerce mondial», dira d'emblée Hachemi Djaâboub, ministre du Commerce, dans son allocution d'ouverture. De ce fait «la lutte contre le marché informel ne peut se faire sans la lutte contre la contrefaçon», a-t-il souligné. Les éléments de réponse à cette lutte sont, selon le représentant du gouvernement, à rechercher à un triple niveau, dans la réglementation, l'adaptation d'une procédure de contrôle adéquate et enfin dans l'efficacité des lois. Pour être dans les normes, il préconise la création, en plus d'un organe de certification, d'une agence nationale de prévention alimentaire. Par ailleurs, M.Djaâboub a révélé que l'Etat a décidé la création d'une école de formation de contrôleurs. Dans un premier temps, elle aura la tâche de former 1500 universitaires qui seront ensuite réorientés sur le terrain. En général la contrefaçon suit le même cheminement que la contrebande, le blanchiment d'argent et le trafic de stupéfiants. Par ailleurs, l'enquête fait ressortir qu'«en Algérie, 40% des produits contrefaits sont d'origine locale, 41% proviennent d'Asie et les 11 restants ne sont pas identifiés. D'un autre côté, on apprend qu'en 2004, les Douanes ont saisi un million d'articles contrefaits. Un chiffre revu à la baisse, les cinq premiers mois de l'année, puisqu'il est passé à 100.000 articles. Néanmoins, les services des douanes et ceux de la répression des fraudes attestent qu'il est très difficile de lutter contre la contrefaçon. Au plan économique les intervenants ont été unanimes à déclarer que l'expansion de la contrefaçon est un frein au développement socio-économique national. Ils soulignent également la dissuasion faite aux potentiels investisseurs qui refusent d'entrer dans un marché où se vend massivement la copie de leur produit à un prix dérisoire tout en étant exempt de taxes et bénéficiant à l'oeil de campagnes publicitaires de la maison d'origine. Au chapitre des recommandations, il ressort que «l'idéal est la création de brigades mixtes entre les différents départements (commerce, douanes, justice, impôts) pour plus d'efficacité» et cela à la veille de la ratification de l'accord d'association avec l'Union européenne en attendant l'adhésion à l'Organisation mondiale du commerce.