Longue et harassante a été la séance de travail qui a couronné la visite effectuée, avant-hier, par le ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme dans la wilaya de Bouira. Celle-ci a débuté vers 16h30 au siège de la wilaya, après que la délégation se soit rendue à M'chedellah puis à Bouira sur plusieurs chantiers, elle n'a pu prendre fin que vers 19h. Le wali, qui a pris la parole pour ouvrir la séance, a donné un bref aperçu sur les nouveaux projets développés dans le cadre du PSD pour une enveloppe de 481 milliards de centimes et ceux inscrits dans le cadre du nouveau programme 2007 pour un montant estimé à 362 milliards de centimes. A ce propos, le responsable de la wilaya a fait remarquer que Bouira a bénéficié, au titre du programme quinquennal, de plus de 20 000 logements répartis en 2500 logements sociaux locatifs, 8000 LSP, 941 location-vente, 3000 PHT, 8500 ruraux et 503 autres de type FNPOS. L'exposé du nouveau DUC, bref et exhaustif, a porté sur le parc immobilier estimé à 122 227 unités et les réalisations inscrites (plus de 52 000 louées dont 11 000 en cours). Comme le wali, il mettra en exergue les contraintes physiques liées à l'absence du foncier, auxquelles il imputera les nombreux retards observés dans de nombreux cas. L'intervention du ministre est un véritable réquisitoire contre les entreprises, les bureaux d'études, les instruments d'urbanisme en vigueur, mais également un plaidoyer chaleureux et humain en faveur d'un bâti intégrant les éléments de solidité et d'esthétique. Aux entrepreneurs, il s'adressera sur un ton plein de reproches les accusant de vouloir « brasser du vent ». Qualifiant l'année 2006, d'« année charnière » en ce sens que la politique du logement misait sur un lancement massif, le responsable du département de l'habitat et de l'urbanisme déclarera que « les résultats ne sont pas bons ». A titre d'illustration, il notera que les efforts investis dans le logement rural qui se sont concrétisés à hauteur de 1122 unités sont « insuffisants, le rythme pour la réalisation des 8500 logements ruraux est lent ». A son avis, rien ne justifie cet état qui se traduit par des lenteurs exaspérantes, quand il n'abouti pas simplement au désistement des entreprises réalisatrices. Les crédits avancés par l'Etat sont une forme d'arguments dirigés par le ministre contre l'absence de volonté de créer, de développer et de réaliser chez certains entrepreneurs. Se réjouissant que le taux de croissance enregistré dans le BTPH soit de l'ordre de 9,8, ce qui lui fait dire qu'il s'agit d'un bond prodigieux, le ministre fera observer que la cagnotte pour l'aide publique est passée de 100 milliards en 2005 à 130 milliards en 2006. Aux entrepreneurs qui se plaignent de la cherté de la main-d'œuvre et des matériaux qui augmentent sans cesse, le ministre les renvoie au code des marchés et aux clauses qu'il contient. Aux défaillants, il brandit la menace d'un fichier national qui les exclura d'office de toute soumission. Ce fichier, d'ailleurs, vaut aussi pour les citoyens qui ont déjà bénéficié de logement, de terrain ou d'aide de l'Etat. Des poursuites et des pénalités sont également envisagées à l'encontre des entrepreneurs qui se désistent pour les « préjudices subis ». A l'égard des bureaux d'études, les propos du ministre sont aussi, incisifs. « Ça suffit, les projets mal foutus. » « On ne fait plus de cité-dortoir, mais des cités intégrées. » En clair : « Un projet global intégrant une cité d'habitat et des équipements publics au milieu d'un quartier. » Et de plaider pour la révision des instruments d'urbanisme lorsque le souci de rapidité et d'efficacité dans la conception qui s'allie à la qualité et à l'esthétique de la vue d'ensemble l'exige. Concernant l'amélioration urbaine, le ministre dira que Bouira a bénéficié d'une « grosse dotation », estimée à 250 milliards, plus le programme des Hauts-Plateaux qui tourne autour de 50 milliards. Et à titre de recommandations : « Faites approuver vos dossiers d'étude avant le lancement des projets. » Au sujet des instruments urbanistiques, le ministre expliquera qu'ils « sont faits pour gérer l'espace urbain et pour combattre les constructions illicites ». La loi 04-05 qui autorise la démolition des constructions illicites est claire, selon lui. « Si nous tolérons cela, ça va s'étendre de plus en plus », observe-t-il. Condamnation sans appel : pas de bidonvilles ! C'est aux autorités concernées d'établir une fiche de vulnérabilité des anciens bâtis pour envisager leur démolition et ériger de nouvelles constructions à la place. Suprême instruction à l'intention des autorités concernées : Bouira est condamnée à produire 5000 logements par an, conformément au programme tracé par le président de la République, à elles (autorités) de transcender les problèmes inhérents au foncier et à la trésorerie ainsi qu'au facteur temps.