Après ce que nous a démontré la trêve hivernale, c'est la question que tout le monde se pose et qu'à notre tour, nous l'avions posée à des professionnels du secteur exerçant au Sud, en l'occurrence les responsables d'agences de tourisme. Toufik Boughali, directeur de l'agence M'zab Tour, répond par la négative, estimant que le tourisme est une affaire de professionnels et non de gouvernement. « En Tunisie, on a appris aux gens à porter des fleurs de jasmin derrière l'oreille comme signe de ce pays ! », déclare-t-il. Quel est celui de notre pays ? S'interroge-t-il ? Le nom de Boughali est connu dans le milieu de la profession depuis 1980, et l'agence de l'époque était gérée par son père jusqu'à 1985. Le fils qui était prédestiné à une autre carrière dut exercer un métier qui aujourd'hui le passionne. Selon l'aveu même de ses clients, l'expérience avec l'agence M'zab Tour a été satisfaisante, d'autant que le gérant accorde des circuits touristiques à la carte pour ceux qui le souhaitent.Actuellement, 90% de sa clientèle est composée de touristes étrangers et parfois de grandes personnalités.Avant 1992, les Algériens représentaient 20 à 30% seulement de l'effectif total, le reste étant des étrangers. Avec l'évolution de la situation sécuritaire, le chiffre d'affaires a baissé de 70% par rapport à ce qu'il était. Les agences de M'zab Tour sont domiciliées à Alger, à Tamanrasset et à Ghardaïa. Dans cette féérique localité, il existe également ce qui est appelé « village d'accueil », un agréable « hôtel nomade » à 4 km sur la route de l'Oued l'Intissa. Des tentes, des lits, des 4x4, voire même des chameaux y sont disponibles. Des randonnées, des conférences archéologiques, des soirées et des circuits à caractère culturel sont proposés. Pour Toufik Boughali, « le tourisme est ‘'mort'' depuis la décennie noire. Les agences de tourisme locales n'ont pas su faire un travail d'information en direction des touristes algériens en vue de remplacer la clientèle étrangère ». La région du M'zab, à elle seule, a perdu pas moins de 50 000 visiteurs. C'est la conséquence du manque des structures d'accueil appropriées à la politique du tourisme, la tarification excessive des billets de voyage, les retards et la rareté des vols (seulement 2 vols/semaine à destination de Ghardaïa !) Quant au cousin de Toufik, Brahim Boughali, à son tour gérant de l'agence Voyage sans Frontières, depuis 17 ans, est optimiste quant à l'intérêt porté par l'Etat, ces derniers temps, pour le tourisme : « Même s'il n'y a pas encore une vraie politique nationale, il y a au moins une bonne volonté. M. Rahmani a été le seul ministre à parler sérieusement de tourisme et des mécanismes de son raccommodage. » Nos deux interlocuteurs pensent que « ce n'est pas à l'Etat de relancer le secteur mais aux professionnels, à condition, cependant, de mettre les moyens qu'il faut ! », estimant qu'une politique nationale de tourisme doit faire intervenir les ministères de l'Environnement, voire même des Affaires étrangères qui doivent travailler de concert avec celui du Tourisme... pour un programme de vols directs (Charters) de Ghardaïa vers les principales villes d'Europe, ce qui serait, de leur avis, d'un grand apport pour la relance de l'activité touristique dans la vallée du M'zab, cette région qui ne s'anime timidement, en ce moment, que lors des trêves scolaires et des vacances estivales. « Quoi qu'il en soit, ici à Ghardaïa, il faut concevoir que tous se prête au tourisme, et pour garder le cachet authentique de la région, il faudrait penser à dresser des tentes en ‘'palmes de palmiers'', par exemple, plutôt que de construire des hôtels. C'est ce qui attire le plus les étrangers ! »