Le président du FFS qualifie la contestation née en août 2006 au sein du parti de « pratiques de truands ». Après six mois de silence, Hocine Aït Ahmed a répliqué de la manière la plus forte à ceux qui lui demandent de limoger l'actuel premier secrétaire, Ali Laskri. Son message de trois pages adressé aux membres du conseil national réunis les 18 et 19 janvier ne souffre aucune ambiguïté. Lu par le secrétaire national chargé de la communication, Karim Tabbou, lors d'une conférence de presse tenue hier au siège national du parti à Alger, ce message se voulait, en effet, une réponse sans précédent à ceux qui tentent de déstabiliser le FFS. « De ma vie, je n'ai vécu une situation aussi rocambolesque et insensée au sein du FFS », entame-t-il son message. Sans lésiner sur les mots, Aït Ahmed considère les protestataires comme un « groupe de soi-disant militants » qui agissent aux ordres des « services ». Condamnant fermement l'acte de violence dont a fait l'objet le siège national du FFS à la fin décembre par « des pseudo contestataires flanqués de flics en civil », Aït Ahmed précisera que « jamais le FFS, où prévalent les principes politiques de respect, n'a connu de telles pratiques de truands dont la police politique a toujours usé et abusé pour contrôler les franges en colère de la société, y compris les clubs sportifs ». Pour lui, cette contestation est loin d'être un phénomène de génération spontanée mais un acte prémédité qui vise à « étouffer » le parti. Aït Ahmed a apporté un démenti formel quant aux rumeurs selon lesquelles il est victime de la désinformation et précise que s'il se fiait aux rapports du secrétariat national, c'est parce que ses membres, à leur tête Ali Laskri qu'il a lui-même nommé, « ne sont pas des menteurs, fabricants de fausses informations ou de vérités ». Mais il dit ne pas se contenter de ces rapports. « Par souci d'information, de travail en commun et de partage d'idées, j'avais demandé au conseil national lors de la session du 4 août 2006, un message d'appréciation portant sur la situation du pays et du parti. A ce jour, je n'ai pas eu de réponse », regrette-t-il, invitant les cadres du parti à réfléchir ensemble quant à leurs insuffisances. Il estime que les tentatives de déstabilisation du parti visent notamment l'implosion du parti, le discrédit des instances dirigeantes et le bradage du capital politique du FFS. Hocine Aït Ahmed n'a pas hésité à mettre la responsabilité de cette situation sur le dos de « certaines notabilités du parti » qui, selon lui, « magouillent dans ses eaux ». Dans le même contexte, le président du FFS dit espérer que « les ex-dirigeants finiront par sortir de leur mutisme pour condamner sans ambages ces pratiques maffieuses qui ne déshonorent que leurs meneurs ». Aït Ahmed considère que le silence de ces derniers serait « un soutien à la conspiration (…) ». Le président du plus vieux parti de l'opposition reconnaît, cependant, l'existence de lacunes et d'insuffisances au sein du FFS, lesquelles ont été exploitées par « les services ». Il en veut pour preuve le profil des gens qui encadrent actuellement la fronde. « Ils sont connus de tous comme étant soit des corrompus, soit des escrocs, soit tout simplement des gens très proches des services », indique-t-il. Aussi, Aït Ahmed a tenu à démentir d'autres rumeurs selon lesquelles il aurait gardé des « contacts étroits et privilégiés avec des "proches", des "sages", des" historiques fidèles ». « Je n'ai reçu et ne tiens à recevoir ces personnes quels que fussent nos liens passés (…) », précise-t-il. Ainsi, le président du FFS s'est demandé s'il y a possibilité « d'immuniser les militants contre la contamination du mensonge, alors que le mensonge est à la base de toutes les institutions et activités d'une gouvernance sans queue ni tête ». Le conseil national a, de son côté, dénoncé « à l'unanimité et sans ambiguïtés les agissements et les actes de violence commis par des prétendus militants contestataires », qualifiant cela de « tentatives de déstabilisation du parti ». Il a ainsi lancé un appel aux militants à rester vigilants pour « déjouer les complots et les tentatives de renversement de la ligne politique et des instances du parti ». Lors de la conférence de presse, Ali Laskri a affirmé cependant qu'il n'y a pas de purge au sein du FFS. « Nous allons récupérer ceux qui sont encore récupérables, comme l'a souligné le président du parti dans son message », précise-t-il.