Comme première réaction aux résultats enregistrés par sa formation lors des élections locales du 29 novembre, Karim Tabbou, premier secrétaire du FFS, remet son mandat au président du parti. Rare dans notre pays, un tel geste de la part de ce jeune cadre du FFS ne peut qu'être bien apprécié, dans le sens où la démission, qui n'est guère une culture chez nos gouvernants, est un acte assez réputé et civilisé dans les sociétés et les pays de démocratie. En attendant la réponse du président Hocine Aït Ahmed, seul habilité à trancher, M. Tabbou semble déjà accomplir l'essentiel en se montrant responsable du recul de son parti à l'issue du scrutin de jeudi dernier, même s'il refuse qu'on considère cela comme une défaite de la démocratie. Les piètres résultats réalisés lors de ces élections risquent de raviver les luttes au sein du plus vieux parti de l'opposition. Cela serait-il une opportunité pour les anciens cadres, laissés en rade ou tenus à l'écart, de se manifester de nouveau pour reprendre les commandes du parti ? Rien n'est moins sûr. Depuis l'été 2004, le FFS traverse une période difficile. La démission éclair de Mustapha Bouhadef de son poste de premier secrétaire en août 2004, quelques semaines après sa nomination par le président Hocine Aït Ahmed, augurait d'ores et déjà d'un malaise interne. Ali Laskri, désigné comme intérimaire à l'époque, avait œuvré pour le dialogue. Quatre anciens premiers secrétaires, dont M. Bouhadef, s'étaient regroupés et avaient tenu une conférence de presse au siège national du parti, excluant l'inexistence de tensions et de dissensions internes. M. Laskri a fini par être nommé premier secrétaire et avait effectué deux mandats (d'un an). En 2006, un vent de contestation a soufflé sur le parti. Un groupe de militants qui se présentaient comme « les anciens de 1963 », en référence à la « guerre » qui s'est déclarée entre le FFS et le pouvoir au lendemain de l'indépendance, avaient protesté contre la direction nationale dont M. Laskri, premier secrétaire, et Karim Tabbou, secrétaire national chargé de la communication. Le président du parti avait réagi par un message virulent contre les « meneurs » de cette contestation qu'il avait qualifiée de « manœuvre policière » visant à déstabiliser le parti. Fin de mandat pour M. Laskri. M. Tabbou, 33 ans, se voit désigner, le 6 avril dernier, premier secrétaire. La contestation s'était cependant poursuivie jusqu'à la veille du 4e congrès du parti, tenu les 5, 6 et 7 septembre dernier. Après ce rendez-vous organique consacrant encore une nouvelle fois Hocine Aït Ahmed président du FFS, M. Tabbou a été reconduit. Quelques mois avant le congrès, plus précisément en juin 2007, M. Bouhadef avait démissionné du FFS. Décision qu'il avait annoncée par le biais d'une déclaration publiée dans la presse nationale. Dans sa déclaration, il a dit qu'il avait bien tenté « de remettre sur les rails le train du FFS, sans y parvenir ». La participation du FFS aux dernières élections locales s'était affirmée au lendemain du congrès. M. Tabbou a expliqué la participation de son parti aux locales, après avoir boycotté les législatives, par la caractéristique de ces élections qui concernent directement le vécu quotidien du citoyen. La confection des listes électorales n'a pas été sans mécontentements. Plusieurs listes notamment dans la wilaya de Tizi Ouzou ont été vivement refusées par des militants du parti. Disposant de 684 sièges APC à l'issue des élections de 2002, il n'en a obtenu que 566 lors du scrutin de jeudi dernier. Pour les APW, il n'en a eu que 54 sièges. Loin d'en faire un élément déterminant de la popularité d'un parti, ces résultats plaident en défaveur du FFS.