C'est une véritable guerre : ou nous gagnons ou nous perdons. Mais nous sommes obligés de vaincre. Nous n'avons pas droit à l'erreur et nous n'avons pas le choix. » Les propos de Ali Moumène, responsable de la lutte antiacridienne au niveau du ministère de l'Agriculture et du Développement rural, dénote on ne peut mieux de l'importance de la menace à laquelle sera confrontée l'Algérie avec le péril acridien qui est déjà à ses portes. Et pour cause, il y va de la production agricole qui risque d'être compromise si la lutte contre l'insecte se solde par un échec. M. Moumène intervenait hier lors d'une réunion sur le dispositif de lutte antiacridienne pour la phase automnale à l'hôtel Mouflon d'or. Près de 30 000 ha ont été infestés à l'extrême-sud, plus exactement à Tamanrasset et Adrar, et ont été traités. Mais le pire est à venir, car la lutte dans les pays du Sahel a énormément manqué d'efficacité et il est à craindre que cela se répercute sur les pays du Maghreb. Le gouvernement algérien a mis le paquet pour cette nouvelle phase de lutte. Partant du principe que l'invasion acridienne qui se profile sera plus virulente que la première, des moyens techniques, financiers et humains plus importants seront mobilisés. Un dispositif renforcé a été mis en place. Ainsi, les capacités d'intervention des équipes spécialisées sont passées de 120 000 ha à 300 000 ha par jour. Pour ce qui est des ressources humaines qui seront à pied d'œuvre cet automne, 140 000 personnes ont été formées pour intervenir contre l'avancée des criquets pèlerins contre 45 000 en 2003 et début 2004. D'autres mesures ont été prises, telle la mise en place début octobre de 9 postes de commandement régionaux pour assurer une meilleure promptitude dans la réaction. En outre, 754 véhicules de traitement, 113 pulsateurs à dos, 4260 appareils tractés et 7,2 millions de litres de pesticides ont été distribués à travers le territoire national pour les besoins de la lutte. Les moyens aériens seront privilégiés pour cette fois-ci. On prévoit la mobilisation de 28 aéronefs pour la phase automnale fin 2004 et 48 pour la phase printanière en 2005. En agissant de la sorte, le ministère de l'Agriculture et les autres membres du comité intersectoriel qui chapeaute la lutte espèrent ainsi remédier aux insuffisances qui ont été constatées dans l'ancien dispositif. Ces défaillances auraient pu donner lieu à une issue dramatique à l'invasion acridienne en juin 2004 où un risque de déplacement des populations de criquets vers le littoral était à craindre. Pour les responsables de la lutte, il est impératif de renforcer les capacités de collecte des informations qui avait fait défaut il y a quelques mois.