Les organisations patronales algériennes ont regretté, hier lors d'un débat organisé par le forum d'El Moudjahid, l'absence de concertation dans l'élaboration de la nouvelle stratégie de développement par le gouvernement pour relancer l'industrie nationale. « En notre qualité de partenaires sociaux, nous avons assumé notre rôle pour parvenir à un pacte économique et social. Il est de notre droit d'exiger maintenant que les parties concernées par cette stratégie soient consultées préalablement », se sont accordés à dire les représentants des différentes organisations patronales. Pour rappel, le gouvernement s'attelle à préparer une nouvelle politique de développement devant définir les nouveaux domaines d'investissement et les filières à développer sur la base de critères liés notamment à la situation du marché international, à l'état actuel du secteur industriel et aux atouts dont dispose notre pays. Une restructuration approfondie des infrastructures industrielles existantes est également envisagée pour redynamiser le secteur. Il n'en demeure pas moins que la participation des opérateurs économiques locaux, aux yeux du patronat, s'avère plus que nécessaire. Pour Mme Assame, vice-présidente de la Confédération algérienne du patronat (CAP), la démarche adoptée par le gouvernement a exclu l'avis des opérateurs économiques qui sont sur le terrain et qui « n'ont d'ailleurs pas été consultés dans le cadre de la conclusion des accords Algérie-Union européenne ou dans celui de la prochaine adhésion à l'OMC ». La représentante de la CAP a qualifié, à ce propos, les négociations que les pouvoirs publics entreprennent avec l'OMC de « grand mystère » et a estimé qu'il est nécessaire aujourd'hui de « lancer une réflexion approfondie sur ce sujet ». Abondant dans le même sens, Abdelaziz Meheni, président de la Confédération des industriels et producteurs algériens (CIPA), dira qu'en matière d'économie « la panne existe et continue » et que beaucoup de problèmes persistent, d'où la nécessité de consulter les opérateurs économiques pour identifier les obstacles et lever les entraves auxquelles ils font face. Le représentant des entreprises du secteur du BTPH a soulevé, pour sa part, le problème de la « concurrence étrangère déloyale » et s'est interrogé sur les raisons pour lesquelles « le gouvernement n'a pas associé les entreprises du secteur dans l'élaboration des textes régissant la question des qualifications ». De son côté, le représentant de l'UGTA et membre de la Fédération du textile a indiqué que même le syndicat n'a pas été consulté pour l'élaboration de cette nouvelle stratégie industrielle et que malgré cela la centrale syndicale n'a pas manqué d'exprimer son avis sur la question, en insistant notamment sur le devenir des entreprises économiques en difficulté. A noter, enfin, que le vice-président du Forum des chefs d'entreprise, Reda Hamiani, était le seul à estimer qu'il ne faudrait pas attendre que le gouvernement invite les patrons à discuter de la stratégie industrielle à adopter et qu'il faudrait que le patronat initie une réflexion à ce sujet pour présenter ses propositions.