Les assises nationales pourraient se tenir fin février, au plus tard la première semaine du mois de mars. La sortie des responsables des associations patronales mardi au Forum du quotidien El Moudjahid, regrettant l'absence de concertation avec le gouvernement concernant l'élaboration de la stratégie de développement industrielle, n'a pas laissé indifférent le ministre des Participations et de la Promotion des investissements. Le département de Hamid Temmar a réagi rapidement en organisant une rencontre, jeudi prochain, avec les organisations patronales et 50 chefs de grandes entreprises. Pour rappel, les organisations patronales étaient unanimes à affirmer n'avoir pas eu accès au document. “Personne ne nous a consultés”, avaient-ils souligné. Le document censé donner plus de visibilité aux opérateurs économiques projette une image floue sur les intentions du gouvernement. Jeudi prochain, les patrons auront enfin leur mot à dire. Non seulement ils auront à discuter du document, mais aussi des études faites par le ministère des Participations et de la Promotion des investissements dans le cadre de l'élaboration de cette stratégie. Le ministre des Participations et de la Promotion des investissements avait, à maintes reprises, expliqué qu'il s'agit, grâce à cette stratégie, d'avoir une plus grande visibilité et d'être au rendez-vous de l'efficacité et de la diversification de l'économie. Précisément, le document identifie les secteurs où l'Algérie présente des avantages comparatifs face à la concurrence. Ces branches seront soutenues par l'Etat en vue de les rendre plus compétitives. Cette stratégie industrielle a pour objectif l'intégration au marché régional et mondial comme élément central en matière de choix stratégique et qui serait axée sur la promotion des produits primaires et ceux à forte valeur ajoutée, la sauvegarde des capacités nationales de substitution à l'importation. Le projet se veut une réponse aux défis posés autant par la conjoncture que par les effets qu'induit un environnement international, dédié entièrement à la diversification et à la performance, à l'adaptation des appareils économiques nationaux, à des normes universellement admises. Il s'agit d'une stratégie qui assure à notre pays le ticket d'entrée dans ce marché international, marqué par la concurrence, la qualité des produits et la productivité. Le gouvernement est très avancé dans l'examen des différents volets qui structurent la nouvelle politique de développement industrielle en Algérie. C'est cette démarche que les organisations patronales, notamment celles qui ont signé le Pacte national économique et social, contestent. “Nous ne sommes pas là rien que pour signer les documents une fois adoptés. Nous aurions aimé être associés en amont”, avait souligné le responsable de Cipa. Mais pour le vice-président du Forum des chefs d'entreprise, M. Hamiani, c'est tout le mode de concertation actuel qu'il faut revoir. Ce qu'il appelle de ses vœux, c'est une concertation régulière, permanente sur tous les sujets qui touchent à l'entreprise. Les intervenants ne remettent pas en cause le principe d'élaboration de la stratégie de développement industrielle, une attente d'ailleurs exprimée et souhaitée fortement et à maintes reprises par les opérateurs économiques, publics et privés. Et puis la réalité statistique est là pour témoigner de l'urgence de cette politique de développement industrielle. L'Algérie s'enfonce de plus en plus dans une économie pétrolière. L'industrie manufacturière qui participait à hauteur de 18% à la formation du produit intérieur brut en 2000 ne représente aujourd'hui que 6,8%. Il y a donc consensus sur le fond. C'est dans la forme que les différents acteurs, gouvernement et patronat, divergent. Les patrons estiment que si les politiques macroéconomiques pouvaient être élaborées en haut de la pyramide par le gouvernement, ou les experts du gouvernement, dans le détail il faut impliquer l'entreprise. C'est elle qui, au bout du processus, est appelée à porter les réformes économiques, et c'est elle qui les subira. D'autant que la stratégie préconisée se fonde sur une restructuration profonde des structures industrielles existantes et s'appuie sur les capacités des acteurs économiques à entreprendre et sur la nécessité pour l'Etat de promouvoir un cadre d'intervention dynamique et flexible. En tout état de cause, le ministre des Participations et de la Promotion de l'investissement a annoncé l'organisation des assises de l'industrie une fois toute la stratégie examinée et adoptée par le gouvernement. Des assises que certaines sources annoncent pour fin février, au plus tard la première semaine du mois de mars. Cela sera aussi une occasion pour les industriels et autres chefs d'entreprise de faire des propositions et enrichir le document, lequel sera certainement soumis par la suite au Conseil des ministres. Meziane Rabhi