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Ghardaïa-Fondation Moufdi Zakaria
Poète et père de l'hymne national
Publié dans El Watan le 27 - 01 - 2007

Organisé par la fondation Moufdi Zakaria, Beni Izguen, la ville sainte du M'zab, commémore ces jours-ci le 30e anniversaire de la disparition de l'auteur de l'hymne national Kassaman. Lorsqu'il commença à le rédiger, il savait pertinemment que des millions d'Algériens l'entonneraient avec ardeur dans la force des mots « libérateurs ».
Moufdi Zakaria songeait aux lendemains prospères de l'Algérie libre avec, dans son esprit et ses mains, cet outil de la transformation d'un peuple, de sa passion, en une luminosité intense d'une liberté à conquérir. Et Kassaman fut rédigé. Des phrases sans doute apprêtées depuis Beni Izguen, un texte en guise de canon écrit en 1956 comme pour consolider cette participation consciente au combat libérateur lorsqu'il adhéra pleinement à la Révolution en 1955. Plus connu sous le nom de cheikh Zekri, Moufdi Zakaria (son nom de guerre) est né le 12 avril 1913 à Beni Izguen, wilaya de Ghardaïa. Il fit ses premières années d'études dans une medersa de sa ville natale, avant de se rendre à Tunis. De retour en Algérie, il participe activement aux actions de l'association des étudiants musulmans d'Afrique du Nord. Lors des fêtes du centenaire, en 1930, organisées par la France coloniale, Moufdi Zakaria protesta énergiquement contre ces festivités de l'acquisition et de la répression. Ce refus des « valeurs » coloniales, Moufdi Zakaria allait le concrétiser dans le domaine de la lutte anticoloniale. Sa prise de conscience en fait très tôt un partisan enthousiaste de l'indépendance de l'Algérie. Il ressentait au fond de lui-même cette tendance héréditaire millénaire de l'homme algérien qui refuse la domination coloniale. Son action pour l'affirmation du rejet des tendances assimilationnistes de certains intellectuels en 1937 conduit le colonialisme français à procéder à son arrestation, le 22 août 1937. Il est libéré après deux années d'emprisonnement. Mais son ardeur patriotique ne s'estompa nullement. Il poursuivit son action militante et fut arrêté une seconde fois en février 1948 et condamné à six mois de prison. Découvrant le sens historique de la lutte populaire, Moufdi Zakaria s'attache à cette mission éducative des masses algériennes par son action journalistique. Il écrivit, notamment dans El Watan et dans L'action algérienne. Lors des grandes manifestations nationales du 8 mai 1945, Moufdi Zakaria est de nouveau arrêté et restera trois années en prison. De 1948 à 1955. A sa sortie, il rejoint le FLN. C'est dans le feu de l'action révolutionnaire qu'il compose le célèbre hymne national Kassaman, en 1956. Arrêté en avril 1956 pour la quatrième fois, il est incarcéré à la prison Barberousse à Alger, puis transféré à Berrouaghia. Moufdi Zakaria incarne cet idéal de combat pour la liberté car il a su transformer une pensée individuelle en un chant collectif et en une seule voix, comme une authentique communion d'une idée qui embrasse tout un peuple. Kassaman est cette unification de la parole algérienne durant la guerre de libération nationale. Ce chant épique, ce poème éclatant de vie repose sur la croyance en un monde meilleur où les racines du mal colonial seraient totalement abattues. Car les paroles de Moufdi Zakaria atteignent une résonance nationale. Et cet écho dans nos campagnes, dans nos villes et dans le regard incrusté d'Ahmed Zabana et de Abdelkader Ferradj, les deux premiers condamnés à mort, décapités à Barberousse, cet appel de la terre algérienne pour la délivrer des chaînes coloniales, Moufdi Zakaria éleva très fort son chant. Kassaman, l'hymne national qui propulsa sur la scène mondiale la vitalité de la révolution algérienne. Après trois années d'emprisonnement, il rejoint le Maroc puis la Tunisie, en 1959. Il poursuit le combat libérateur en participant par ses écrits journalistiques dans El Moudjahid jusqu'en juin 1962. L'hymne national alimentait partout la détermination des moudjahidine et du peuple algérien de poursuivre jusqu'au triomphe de la lutte contre les forces répressives coloniales, il devenait par conséquent un élément catalyseur et une fierté de sa patrie mozabite et de toute la nation algérienne.

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