En 2008, le centenaire de l'un des poètes algériens les plus populaires, Moufdi Zakaria, sera fêté. Le point de départ du centenaire de l'homme qui a marqué les esprits par son Quassamen, psalmodié jusque dans les cours scolaires, sera un séminaire international qu'organisera la fondation éponyme du 11 au 13 décembre à Alger.Cette manifestation chapeautée par son rejeton et ex-ministre de la Culture, Slimane Cheikh, passera en revue la vie, le parcours, et surtout l'œuvre remarquable du poète disparu. Militant d'abord, Moufdi Zakaria fut un passionné des arts, et un défenseur acharné du Grand Maghreb. Cette année, ce séminaire qui en est à sa cinquième édition, s'inscrit dans la manifestation qui tire à sa fin de " Alger, capitale de la culture arabe 2007" De nombreuses personnalités du monde de la culture, mais aussi des penseurs, des hommes de lettres et des arts, viendront de la Tunisie, du Maroc, de la Libye, des Emirats arabes unis, du Koweït, de la Jordanie et participeront à cette rencontre, aux côtés de lettrés et d'universitaires algériens. Selon Slimane Cheikh, président de la fondation Moufdi- Zakaria, ce séminaire évoquera " la consécration des valeurs nationales à travers les œuvres du poète " ainsi que son " obsession maghrébine ", et feront une présentation des récentes études critiques de sa somme poétique. Un documentaire sur la vie de l'auteur de l'hymne national algérien, est d'ores et déjà ficelé et sera présenté pour l'occasion. L'œuvre signée par Saïd Oulmi, raconte Moufdi Zakaria en cinq étapes : enfance et éducation, les débuts de son militantisme dans le mouvement national et ses premières œuvres poétiques à l'adolescence, sa participation à la guerre de Libération et son emprisonnement, puis la période post-indépendance et, enfin, le dénigrement dont il a souffert après sa mort et les efforts menés pour sa réhabilitation. Selon le réalisateur, ce documentaire qui montre surtout le côté humain du poète comporte " des éléments inédits, notamment des lettres personnelles que Moufdi Zakaria a adressées à ses proches ". De son vrai nom, Cheikh Zakaria Ben Slimane Ben Yahia Ben Cheikh Slimane Ben Hadj Aïssa, le surnom Moufdi, devenu son pseudonyme littéraire, lui a été décerné par Slimane Boudjenah, son condisciple au sein de la Mission mozabite. Il est né le 12 juin 1908, à Béni Izguen (Ghardaïa), ou il reçoit son enseignement primaire (Coran et langue arabe). Il rejoint, ensuite, la Mission mozabite, à Tunis, où il poursuit ses études, successivement, à l'École Es-Salem, l'École El Khaldounia et l'université de la Zeïtouna. Il fréquente les soirées littéraires organisées par le grand écrivain tunisien Larbi El Kebbadi, se lie d'amitié avec le poète tunisien Abou el Kacem Chebbi et le poète Ramadhane Hammoud, son condisciple au sein de la Mission mozabite. Son premier poème accompli est celui intitulé : Aux gens du Rif, publié dans les journaux tunisiens, Lissane Ech-Chaab (6 mai 1925) et Essawab, et égyptiens, El-Liwae et El Akhbar. Moufdi Zakaria a accompagné par sa poésie et son militantisme le mouvement nationaliste à l'échelle maghrébine, adhérant en Tunisie, pendant sa scolarité, à la Jeunesse destourienne, ce qui lui a valu d'être incarcéré pendant quinze jours ; participant activement aux congrès des Étudiants d'Afrique du Nord ; et militant en Algérie au sein de l'Étoile nord-africaine puis du Parti du peuple algérien dont il devient l'un des dirigeants les plus en vue. Il est alors emprisonné de 1937 à 1939. Au lendemain du déclenchement de la Révolution armée, il adhère à la première cellule du FLN à Alger. Il est arrêté, jugé et condamné à trois années de détention, du 19 avril 1956 au 1er février 1959. À sa sortie de prison, il quitte clandestinement le territoire algérien en direction du Maroc puis de la Tunisie pour y être soigné, par le Dr Frantz Fanon, des séquelles des tortures subies en détention. Il devient le porte-parole de la cause algérienne au Maghreb, à travers les organes de presse tunisiens et marocais, et au Machrek, lors du Festival de la poésie arabe tenu à Damas, en 1961. Après l'indépendance, il réside tour à tour dans les pays du Maghreb avant de s'établir à la fin de sa vie au Maroc. Il a, par ailleurs, activement participé aux séminaires sur la pensée islamique. Moufdi Zakaria s'est éteint le 17 août 1977, à Tunis. Sa dépouille mortelle a été transférée en Algérie pour être inhumée à Béni Izguen.