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Des manques et des doléances
Commune de Raouraoua dans la wilaya de Bouira
Publié dans El Watan le 28 - 01 - 2007

Les Trembles ou Raouraoua est cette localité traversée par la RN 8, entre Bir Ghbalou et Sour El Ghozlane. Une route communale, parfaitement goudronnée, la relie à Aïn Bessem. C'est le chemin le plus court pour y aller. Nous l'empruntons ce jeudi matin.
La plaine des Arribs qu'il coupe en deux sommeille en attendant les nouvelles semences. D'une fertilité prodigieuse, elle est le domaine des cultures maraîchères, notamment de la pomme de terre. Des jeunes fouillent la terre à la recherche des derniers féculents oubliés, leurs sacs en plastique sur l'épaule. Une partie de cette plaine, estimée à 225 ha, est irriguée à partir du barrage de Oued Lakhal, plus à l'est. Ce sont les périmètres irrigués. C'est le plus beau fleuron de l'économie de la wilaya. Notre arrivée dans ce gros bourg, devenu chef-lieu de commune en 1984, est saluée par un calme qui contraste singulièrement avec les derniers événements : samedi et jeudi derniers des émeutes ont éclaté en ce lieu si paisible naguère. La première personne interrogée est un garde communal en civil. Il répond aimablement à nos questions jusqu'à ce que nous demandions ce qui s'est réellement passé pendant ces deux derniers jours. Alors tout aussi poliment, il décline son identité pour s'excuser de ne pas pouvoir aller plus loin dans sa coopération avec la presse. Cependant, il se permet de nous renseigner sur la situation sécuritaire qui est idéale, selon lui, vu que les jeunes se sont tenus peinards pendant que d'autres ailleurs prenaient naturellement le chemin du maquis. Notre premier pas fut pour le dispensaire sur notre droite. Très propre. Les marches et la cour viennent d'être balayées. Un jeune en djellaba se tient juste devant. Il se fait connaître : Brahim, 27 ans, chômeur, et sa maison construite en partie avec des plaques de zinc est à deux pas. C'est un des manifestants qui ont bloqué la RN 8 jeudi et samedi derniers. « Nous étions 200 jeunes en colère. Nous avons amené des pneus sur la route et nous y avons mis le feu. Toute la matinée, la route est restée fermée à la circulation. » La contestation a été provoquée par l'affichage de la liste des 37 bénéficiaires de logements sociaux ce même jeudi. De l'avis de nombreux citoyens rencontrés au cours de notre enquête, beaucoup de bénéficiaires ne devraient pas figurer sur cette liste. Quand ils n'ont pas de villas eux-mêmes, ce sont leurs frères ou ceux qui viennent de zones rurales. A ce titre, ils ont bénéficié de l'aide à l'habitat rural. Et tous de conclure qu'au lieu de mettre en œuvre la politique qui cherche à fixer les populations rurales par toutes sortes d'encouragement, le responsable de la commune prend le contrepied de cette politique. En ce jeudi, le siège de l'APC est fermé, mais l'état civil travaille. Le préposé à la permanence est dehors quand le gardien arrive et ouvre le portail. Il doit être 9h. Enfin, nous allons à lui et demandons à voir un responsable. Il nous répond que le maire est dans les parages, mais que le secrétaire général est chez lui. Pendant qu'il va l'avertir, deux jeunes s'approchent de nous et nous apprennent qu'un groupe de leurs camarades réunis devant une épicerie non loin de là désire s'exprimer. D'abord, c'est l'étonnement de la part de ce groupe qui voyait par la présence de la presse en ce lieu un démenti à l'opinion communément admise ici : on supposait que le maire avait le bras assez long pour intimider la presse. On lui prêtait des relations avec un puissant personnage dans la sécurité et on croyait qu'il s'en était servi pendant les deux jours d'émeutes pour tenir éloignée la presse de ces événements. La preuve, nos interlocuteurs la cherchaient et la trouvaient dans la non-médiatisation de ces dernières manifestations. Rien n'a été fait ou très peu pour cette commune depuis l'indépendance, selon ce groupe de jeunes. Et pourtant, cette commune s'étend sur la plaine des Arribs, les terres les plus fertiles de la wilaya dont on connaît la vocation fondamentalement orientée vers l'agriculture. Tous les jeunes à l'image de Brahim, Amar et Belkacem sont des chômeurs. Certains d'entre eux vont bénéficier des 100 locaux commerciaux construits à leur intention. Mais ils les repoussent dédaigneusement parce qu'installés d'abord au village agricole où ne règne que peu d'activités commerciales et se trouvant implantés derrière le CEM, avec en face la plaine des Arribs. « Quand il pleut, il faudra des bottes pour pouvoir se déplacer », se plaint un des bénéficiaires.
Une commune en marge du progrès
Au sujet de l'attribution des 37 logements, les jeunes qui ont manifesté pendant les derniers jours dénoncent le fait que 26 logements ont été octroyés à des gens habitant en milieu rural. « La prochaine fois, mais y aura-t-il une prochaine fois ?, nous ne nous contenterons pas de bloquer la route et de fermer le siège de l'APC. Nous y mettrons le feu », dira l'un d'eux. Aux dires de certains, cela a failli arriver. Seule la sagesse du capitaine de gendarmerie, qui a, à deux reprises, su calmer les esprits échauffés, a permis d'éviter le pire. Comme ces jeunes faisaient partie de la délégation des manifestants qui s'est rendue à Bouira pour voir le wali, ils auraient été traités avec rudesse par le chef de cabinet qui les a reçus à la place du premier responsable de la wilaya. Ces derniers insistaient pour voir le wali en personne afin d'obtenir l'annulation de la liste litigieuse. Ils ont été évacués du bureau par la police, selon eux. D'autres griefs sont formulés contre le P/APC auquel on prête une volonté délibérée de « saboter les jeunes » (c'est le terme de l'un d'eux) et de maintenir la commune dans un état de paupérisation et de précarisation en contradiction avec la politique de développement et de modernisation des communes. Pour faire endosser l'entière responsabilité de cette gestion catastrophique de la commune au seul chef de l'exécutif, l'un des membres de l'assemblée, campé dans l'opposition et se mêlant aux jeunes, fait remarquer que l'assemblée ne se réunit pas tous les trois mois en session ordinaire pour débattre des problèmes et des décisions à prendre dans la gestion des affaires de la commune, conformément à l'article 25 du Code communal. Selon cet élu, le P/APC gère toutes les affaires de manière unilatérale, d'où la pagaille qui règne au niveau municipal. C'est pour cette raison d'ailleurs que le premier responsable adjoint a remis sa démission en février 2005. Selon d'autres, rencontrés plus tard et qui nous ont remis un document à l'appui de leurs dires, le premier vice-président a claqué la porte à la suite de l'affaire qui a opposé devant la justice le P/APC à trois citoyens. Selon eux, il aurait menacé de son arme les trois citoyens. « Il a mis son pistolet sur la tempe de l'un d'eux. Les trois citoyens, qui sont cousins, ont porté plainte et le P/APC a écopé de 2 mois de sursis. C'est pour cette raison que sa candidature a été écartée des élections sénatoriales », assurent ces derniers. A leurs yeux, deux reproches essentiels peuvent être faits à cette gestion en dehors du revêtement superficiel et bâclé de la route menant vers Mecht Toumiat, sur 3 km pour une enveloppe de 700 millions. Le maire a dilapidé au lieu de préserver le portefeuille foncier en favorisant les constructions illicites. C'est le cas pour ce citoyen B. N. qui occupe 360 m2 et que le responsable de la commune a conforté dans sa position d'occupant illégal par un certificat de possession. Il a découragé l'investissement en octroyant un terrain de 1500 m2 à un particulier que le bénéficiaire a transformé au bord de la RN 8 en lieu clôturé pour la casse de voitures. Il était demandé au niveau du Calpi par deux universitaires qui désiraient installer sur ce terrain une chambre froide en raison justement de cette vocation de la commune. La commission de la wilaya aurait, selon nos interlocuteurs, accueilli favorablement ce projet. Une enquête serait ouverte à ce propos. Pour en revenir aux doléances exprimées par le premier groupe de jeunes, il y a lieu de remarquer que le jardin public ainsi que les locaux qui servaient de café-restaurant, qui s'étale sur 2 ha, sont squattés par un moudjahid qui y élève des poules, des dindes et des canards ; que l'équipement de la salle omnisports, où trônent sans partage les quelques membres d'une association (la seule existante) inféodée au maître de la commune, sert exclusivement aux fêtes ; que le stade qui a nécessité une enveloppe de 640 millions ne sert à rien vu qu'aucune aide financière n'est dégagée sur le budget de la municipalité pour mettre sur pied une équipe de football ; que le transport scolaire profite à une seule localité, en l'occurrence Ouled Rabhi, acquise à l'homme en place, l'autre véhicule (18 places) restant à la disposition personnelle du P/APC. Enfin 2 télévisions, 2 climatiseurs sur les 3 de chaque équipement destinés à l'APC ont pris vivement le chemin en direction de la propriété du responsable de l'APC. Un dernier mot à propos du foncier gangrené, autant que nous avons pu en juger nous-mêmes, par les constructions illicites accueillies sinon favorablement du moins avec une certaine complaisance par cet élu : les 2 lotissements réservés à 2 projets de 10 logements chacun à Aïssat sont accaparés par un émigré et son frère, un commerçant. Après cette visite dans cette commune, nous pouvons remarquer que sa situation géographique la place avantageusement au cœur des plaines des Arribs, plaine à haute valeur agricole, et ses routes, qui la desservent de tous côtés, concourent à son total désenclavement. Ces facteurs devraient l'insérer automatiquement dans la dynamique du progrès, mais cette commune, à fort potentiel matériel et humain, est restée en rade du développement. Car de signes de progrès (en dehors des 120 logements sociaux réalisés, mais attribués de manière à provoquer l'ire populaire), nous n'en avons vu nulle part. Qu'il y ait des émeutes ces deux derniers jours et un sit-in sur la route qui a conduit à la fermeture de celle-ci pour protester contre le bricolage de la route conduisant vers Mecht Toumiet, à 3 km au sud-ouest de Raouraoua, ou que les habitants, qui demandent le départ du P/APC et du secrétaire général, menacent de provoquer d'autres émeutes si la liste des bénéficiaires des 37 logements sociaux n'est pas annulée, on déplore, mais on comprend quel avenir est le leur.


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