Malgré de fréquentes campagnes anti-prostitution menées par les services de sécurité à travers la ville, Ouargla continue d'être une zone d'attrait pour les nouvelles recrues qui viennent au commerce du sexe. S'il y a en effet une chose qu'un visiteur peut remarquer dans les artères principales de Ouargla, c'est bien l'existence de beaucoup de jeunes filles qui font du racolage en pleine rue. Le soir, certains coins de la ville se transforment en un marché en plein air où l'offre et la demande règnent en maîtres. Chaque jour, de nouveaux visages viennent se joindre aux habituels et le nombre ne cesse de croître sur la rive sud du ksar, l'avenue Ché Guevara, la cité des 324 logements et même à El Khafdji, la nouvelle ville, où des blocs entiers sont voués depuis quelque temps à ce commerce. La prostitution est devenue un phénomène banal à Ouargla. On en parle dans les salons feutrés de l'APW et de la wilaya comme d'un problème sans issue. Il est plus d'ordre sécuritaire que social à en croire les différents rapports dédiés au phénomène. Un fait toujours détaché de la réalité sociale et de la responsabilité collective de l'Etat et de la société civile. On se contente donc de remarquer le nombre et l'indiscrétion des fauteurs de trouble puisque les concernés s'installent dans la rue à la tombée de la nuit et nuisent à la moralité de certains quartiers. Pour leur part, les citoyens continuent d'adresser des correspondances décriant le phénomène dans leur voisinage à la police et aux autorités locales. C'est une action menée par plusieurs comités de quartier qui a justement poussé la police à effectuer une descente inopinée dans quatre fiefs de la prostitution organisée de Ouargla durant le mois d'août. Les hôtels concernés où des filles travaillaient à l'année ont reçu des décisions de fermeture de trois à six mois par voie judiciaire. Et pour cette fois-ci, prostituées et consommateurs (une quarantaine) ont été présentés devant le juge d'instruction et placés sous mandat de dépôt. D'autres campagnes sont prévues, à en croire la verve des policiers très satisfaits de cette première initiative depuis plusieurs années. Remarquons enfin que, selon les témoignages des policiers eux-mêmes, la prostitution s'aggrave à Ouargla. Il y a sans cesse de nouvelles recrues « adultes » qui rejoignent les hôtels de la ville mais aussi des personnes plus jeunes, voire des mineurs jetés en pâture à la rue et venus de toutes les régions du pays. Et il semblerait que la mendicité soit devenue la première porte ouverte à ces jeunes filles qui tombent vite dans l'engrenage drogue-prostitution. En peu de temps, les unes disparaissent pour rentrer dans le circuit interne des hôtels et des maisons closes qui, selon des estimations officielles, dépasseraient de loin le millier. Les services de sécurité se heurtent à un problème de taille : l'établissement du flagrant délit est souvent impossible. Par ailleurs, les maisons et coins ciblés sont souvent au courant de la descente et changent d'habitudes !