Après près de deux semaines d'accalmie, les violences partisanes ont repris de plus belle dans les territoires palestiniens. Elles en étaient hier à leur quatrième jour, avec le recours à différentes armes, tandis que le bilan, toujours provisoire, restait lourd. De nouveaux affrontements armés opposaient effectivement hier des membres des mouvements rivaux du Hamas et du Fatah qui ont déjà fait 24 morts depuis jeudi. Des membres du Hamas bombardaient, notamment à l'aide de roquettes anti-chars et d'obus de mortier, le quartier général du service de sécurité préventive contrôlée par le Fatah. Dans d'autres quartiers des membres du Fatah ou du Hamas ont établi des barrages routiers, tandis que des échanges nourris de coups de feu entre les camps retentissaient. C'est véritablement la descente aux enfers pour les Palestiniens, qui croyaient qu'ils avaient tous un ennemi commun, l'occupant israélien. Retour sur près d'une semaine d'enfer et de démence, car pour les Palestiniens, rien ne saurait justifier de tels combats. Accrochages armés très violents, enlèvements, maisons assiégées et sièges sécuritaires bombardés ont commencé dans la soirée de jeudi, dans le nord de la bande de Ghaza avant de s'étendre à d'autres endroits de cette enclave palestinienne et même à certaines villes de la Cisjordanie occupée. Tout a commencé avec l'explosion d'un véhicule circulant à Jabalya au nord de la bande de Ghaza. L'engin appartenait à la force exécutive rattachée à Saïd Siam, le ministre de l'Intérieur issu du Hamas, qualifiée à maintes reprises d'illégale par le président palestinien Mahmoud Abbas. cette explosion a fait deux morts et six blessés parmi les huit éléments de cette force qui se trouvaient à bord du véhicule, en plus de quatre civils qui se trouvaient à proximité. Le Hamas a très vite accusé ce qu'il appelle le courant putschiste au sein du Fatah d'être l'auteur de cette attaque. La suite, on la connaît avec des actes de vengeance et de contre-représailles. Une atmosphère très tendue s'est installée par la suite dans les territoires palestiniens, et, particulièrement, dans la bande de Ghaza. ne s'étant pas contentés de la mort du militant des Brigades des martyrs d'Al Aqsa, des témoins nous ont affirmé que des centaines d'éléments de la force exécutive ont assiégé la maison de Mansour Chalaiyel, un chef local du même groupe militaire. Dans un scénario qui rappelle l'assassinat d'un colonel de la sécurité préventive au début du mois de janvier dont la maison fut elle aussi assiégée et bombardée durant près de six heures par des éléments de la force exécutive qui ont fini par l'investir et tuer 9 personnes dont le colonel Mhamad Ghraiyeb, qui n'a bénéficié d'aucun appui de la part des services sécuritaires, les éléments de la force exécutive ont tenté, mais sans parvenir, de pénétrer dans la maison de Chelaiyel, dans le camp de réfugiés de Jabalia. Après plusieurs heures de tirs et de bombardements, commencés juste après la prière de vendredi, les éléments de la force exécutive ont été forcés à se retirer après l'intervention des services sécuritaires palestiniens dont des éléments se sont accrochés avec les assaillants, tuant deux d'entre eux. la force exécutive avait, auparavant, tiré sur une manifestation spontanée de civils du camp de Jabalia qui ont tenté de constituer un bouclier humain autour de la maison de Chelaiyel, tuant deux personnes dont un jeune de 17 ans et blessant plusieurs autres. Durant toute la journée et la soirée de vendredi, des affrontements entre les partisans des deux camps se déroulaient en plusieurs endroits de la ville de Ghaza dont les plus graves à Tal Al Haoua, un quartier résidentiel situé à l'ouest de la ville où trois personnes ont été tuées. Parmi elles, figure un chef local du Hamas. le siège central de la sécurité préventive fidèle au Fatah, dont plusieurs éléments ont été assassinés depuis le déclenchement des violences partisanes, qui se trouve dans le même quartier, a été ciblé par des obus de mortier et des roquettes anti-chars de type B7. ces tirs ont fait deux blessés parmi les éléments de cet organisme sécuritaire. Une roquette antichar a également visé, à Ghaza, le domicile du ministre des Affaires étrangères, Mahmoud Zahar, du Hamas. A Naplouse, en Cisjordanie occupée, des activistes des Brigades des martyrs d'Al Aqsa ont exhibé sur les chaînes satellitaires onze jeunes qu'ils ont capturés. L'un de ces jeunes a lu un communiqué : « Nous, les fils du Hamas à Naplouse, demandons à la Force exécutive à Ghaza de se retirer des rues de Ghaza et de ne pas tuer de membres du Fatah à Ghaza, parce que nos vies sont menacées. » ces jeunes ont été libérés dans la nuit de vendredi après la fin du siège de la maison de Chelaiyel. A Toulkarem, toujours en Cisjordanie, des inconnus armés ont grièvement blessé par balle un responsable du Hamas qui sortait de la mosquée. Les affrontements armés ont repris samedi matin dans plusieurs secteurs de la ville de Ghaza. Des sources hospitalières ont annoncé la mort, par balle, de deux hommes, près de l'université islamique, non loin du centre-ville. Des éléments du Hamas ont, par ailleurs, enlevé le neveu de Abdel Hakim Aouad, un porte-parole du Fatah. Voilà donc malheureusement pour les faits les plus récents, mais aussi les plus marquants, et qui ne sont pas sans conséquence. La plus évidente étant le nouveau coup d'arrêt aux efforts en vue de créer un gouvernement d'union nationale, porté par le Hamas qui a annoncé vendredi soir, un « gel du dialogue » national avec le Fatah.