Trois tableaux du célèbre peintre Pablo Picasso et un grand nombre de pièces anciennes datant de la période romaine ont été récupérés récemment à Tlemcen par la Gendarmerie nationale, apprend-on auprès du 2e commandement régional de la Gendarmerie nationale d'Oran. Lors d'une conférence de presse animée hier par le chef de l'unité régionale de la police judiciaire de ce corps de la Défense nationale, la récupération de ces pièces est l'œuvre de la cellule chargée de la protection des vestiges et du patrimoine matériel et culturel. Les premiers éléments de l'enquête enclenchée sur la base d'informations font ressortir, selon les services de sécurité, un trafic de plusieurs milliards de centimes, recensant, entre autres, 7 toiles signées par de célèbres artistes peintres (les 3 tableaux de Picasso compris). Trois personnes qui détenaient les œuvres de Pablo Picasso ainsi qu'une statuette représentant ce dernier ont été arrêtées à Tlemcen. Ces œuvres dont on ignore les titres étaient destinées au marché parallèle international et devaient transiter par le Maroc voisin, selon une source sécuritaire. Les enquêteurs ont « pisté » les trafiquants d'El Bayadh jusquà Laghouat en passant par Bousfer (Oran) avant d'appréhender les mis en cause à Tlemcen. Les toiles ont été confiées à un groupe de spécialistes aux fins d'expertise, nous apprend, en outre, notre source. La valeur marchande de ces toiles, si elles s'avèrent authentiques, est de l'ordre de plusieurs millions d'euros, selon un spécialiste. Il faut rappeler que certaines pièces signées par des artistes de renom, tels Delacroix et Renoir, ont été volées, il y a une vingtaine d'années, au musée national des Beaux-arts. Les pilleurs devaient les écouler au niveau d'un marché aux puces à Montreuil, à Paris. Grâce à un travail de coordination entre les polices algérienne et française, ces toiles ont heureusement été rapatriées à Alger. Ceci dit, face à l'augmentation du trafic international d'œuvres d'art, l'Unesco préconise des mesures préventives en impliquant les polices nationales, Interpol et le Conseil international des musées (ICOM). Selon l'agence onusienne basée à Paris, « il faut commencer par répertorier tous les objets pour mieux retrouver les trésors volés ». Parallèlement, l'ICOM a publié, fin 1997, une « liste rouge » des objets d'art africains répertoriant ceux qui sont les plus susceptibles d'être volés ou pillés. « C'est un peu comme publier la liste des animaux menacés d'extinction. Il s'agit de pièces provenant de sites comme la vallée du Niger, le Tchad ou le Cameroun, dont le pillage est systématique : au fil des mois, les sites archéologiques sont détruits et il devient impossible de reconstituer l'histoire de ces objets, celle des hommes qui les ont fabriqués et celle des civilisations dont ils sont issus », explique Valérie Jullien de l'Icom. « Notre but est d'étendre cette liste à d'autres objets en danger dans d'autres régions du monde. » Tous les organismes concernés le soulignent : le trafic illicite est un fléau qui n'épargne aucun pays. « En Afrique, les musées nationaux d'Algérie, d'Angola, du Botswana, d'Egypte, de Côte d'Ivoire, de Libye, du Nigeria ou du Zaïre, pour n'en citer que quelques-uns, ont été victimes de vols », relève l'Unesco.