La décision du magistrat instructeur près le tribunal de Annaba de mettre sous mandat de dépôt, tard dans la nuit du 30 au 31 janvier, 8 personnes et 4 autres sous contrôle judiciaire relance ce que l'opinion publique locale qualifie d'« affaire de la garde communale de Annaba ». Les mandats de dépôt concernent particulièrement le 1er responsable de cette institution, plusieurs de ses proches collaborateurs et le chargé des œuvres sociales. Des fournisseurs et des entrepreneurs sont aussi inquiétés et pourraient faire l'objet de la même mesure. Détournement des deniers de l'Etat, abus de biens sociaux, faux et usage de faux dans l'établissement des factures et passation de marchés contraires à la réglementation en matière d'acquisition et de cession des équipements et moyens de transport figurent au titre des chefs d'inculpation retenus. Le préjudice a été évalué par les experts à plus de 400 millions de dinars. Pratiquement toutes les unités de la garde communale implantées à travers le territoire de la wilaya ont été victimes de ces agissements. L'enquête lancée en juillet 2005 par la brigade de recherche et d'investigation du groupement de la gendarmerie de Annaba a permis de situer les responsabilités. D'autres personnes sur les 40 convoquées par le juge d'instruction, dont un ex-fonctionnaire de la direction générale de la sûreté de wilaya, ont été également entendues, hier mercredi. Le juge a eu déjà à entendre 250 personnes : accusés, victimes et témoins. L'affaire avait éclaté en 2005 à la suite d'un mécontentement généralisé des éléments de la garde communale. Ces derniers avaient fait état de très mauvaises conditions de travail, de restauration et de ponctions injustifiées sur salaires et indemnités. Dans leurs conclusions établies à l'issue de l'enquête qu'ils avaient entamée, les gendarmes avaient déterminé l'engagement de faramineuses sommes pour des acquisitions et des versements de salaires qui se sont avérés fictifs.