Nous avons un handicap de départ, nous ne sommes pas présents sur place, donc nous méconnaissons l'Algérie. Ce qui explique cette campagne publicitaire. Ça peut agacer comme ça peut faire plaisir. » C'est en ces termes que le responsable du pôle développement de la banque Crédit agricole SA (CA), Jean Frédéric de Leusse, a tenu à expliquer une offensive médiatique des plus « agressives » du groupe français, candidat à la privatisation du Crédit populaire d'Algérie (CPA), et ce, avant même le retrait des cahiers des charges. Une privatisation à laquelle sont candidates six banques préqualifiées pour une prise de participation à hauteur de 51% dans la banque publique algérienne, à savoir deux banques américaines, City Bank et Natexis, les françaises Crédit agricole, BNP-Paribas et Société Générale ainsi que l'espagnole Santander. Le nouvel actionnaire du CPA devra être connu au premier trimestre 2007. Pour Georges Pauget, directeur général de CA depuis septembre 2005 et président de LCL (Le Crédit lyonnais) depuis 2005, « rester performant sur le long terme c'est s'ouvrir ». Et d'indiquer que l'un des objectifs de la banque qu'il dirige est de « se positionner sur les pays à forte croissance dont les échanges sont largement ouverts sur l'UE, à savoir l'Europe de l'Est, le Bassin méditerranéen et le Moyen-Orient ». Quant au choix du CPA, comme moyen de pénétrer le marché algérien, il a rétorqué : « Le CA investit en position majoritaire, avec ou sans partenaires locaux, dans des banques de taille significative et à forte croissance organique. » « Nous ne nous sommes pas installés en Algérie avant, parce que notre ouverture dans la banque de détail sur l'international n'a débuté que fin 2005. Concernant l'Algérie, la demande d'autorisation agence par agence prendra beaucoup plus de temps. Avec le CPA, on franchira une étape conséquente vu le réseau d'agences important du CPA », a-t-il expliqué comme pour justifier un retard vis-à-vis de ses concurrents français, notamment (BNP et SG) qui ont déjà un certain nombre d'agences dans le pays. Confiant quant à l'issue du processus de privatisation du CPA, M. Pauget a mis en exergue les capacités du CA qui compte mettre en œuvre, si la banque verte est retenue, « son savoir-faire en matière d'épargne, de crédits à la consommation et en moyens de paiements modernes ». « Il m'a semblé que la première préoccupation du gouvernement algérien est relative à la banque d'investissement et par conséquent à développer un savoir-faire d'engineering international. La préoccupation de services est bien entendu présente, mais l'argument que j'ai entendu le plus fréquemment est celui-là, et qui me paraît participer d'une stratégie de modernisation du système bancaire », a ajouté notre interlocuteur. « Si nous maintenons le CPA en zone, alors que nous prévoyons de faire une pause à l'international en banque de détail pour 2007, c'est parce que le partenariat avec le CPA est pour nous un projet stratégique à long terme », a-t-il dit. Pour lui, une présence de grande ampleur en Algérie « est quelque chose de particulier ». Quant à l'offre financière à mettre pour une telle acquisition, le DG du CA a estimé que « c'est avant tout un projet industriel et non un projet financier ». « Pour nous, c'est un projet hors norme. C'est un investissement risqué. C'est complètement différent de ce qu'on vit en Grèce ou en Egypte. Avec le CPA, c'est un projet de transformation et non d'intégration », a-t-il tenu à expliquer, estimant que « l'Algérie est en train de s'ouvrir et a les moyens de son développement. Nous affichons une nette volonté d'investir en Algérie et si on échoue avec le CPA, on verra comment faire ». Faciliter les transferts de l'argent des émigrés « Si nous sommes retenus, nous pourrons organiser des liens forts pour faciliter les transferts de l'argent des émigrés et avoir ainsi une capacité d'épargne qui ira s'investir en Algérie. C'est l'un des volets qui sera travaillé quand nous ferons des propositions », a tenu à expliquer Georges Pauget. Prenant le relais, De Leusse a indiqué que le CA dispose d'une importante clientèle de Français d'origine algérienne. Et d'expliquer : « Compte tenu de nos parts de marché dans la banque de détail en France à 25%, nous avons plus de clients intéressés à travailler avec l'Algérie. Nous avons 2 millions de clients algériens. Nous avons plutôt une clientèle moyen de gamme, contrairement à nos concurrents français qui ont davantage le haut de gamme. Dans une seule agence, on a recensé 17 000 Algériens qui touchent des pensions en France, ce qui est important. » Pour mieux convaincre, Jean Frédéric de Leusse a indiqué que les Marocains résidant en France représentent environ 25% des revenus des banques marocaines. « C'est un marché qui est très disputé et on essaie de faire des produits pour Marocains résidant en France, ou Français voulant investir au Maroc. Ce savoir-faire pour le Maroc, on veut le faire pour l'Algérie », a-t-il assuré, non sans louer les avantages de « l'interaction entre le réseau français du CA de 9000 points de vente et de celui du CPA de 140 points de vente. » A propos des projets du Crédit agricole en matière d'assurances, les responsables de la banque verte française ont expliqué qu'ils sont uniquement intéressés par les métiers d'assurances desservis par la banque. « Avec le CPA, il faut d'abord organiser la partie bancaire avant de songer à adjoindre une partie assurance », dira M. De Leusse. Présent dans 70 pays à travers le monde, avec 134 300 salariés, et une capitalisation boursière de 48 milliards d'euros, le CA est leader en France en épargne, crédit et financement des professionnels et PME. Avec ses 9100 agences, 21 millions de clients particuliers et quelque 1,4 million de clients professionnels, entreprises et collectivités, les métiers du CA sont répartis en banque de proximité en France à travers les caisses régionales du CA et LCL, les services financiers spécialisés, gestion d'actifs assurances et banques privées (CAAM…), banque de financement et d'investissement (Calyon) et banque de détail à l'international (Cariparma, BES, Emporiki, Meridian Bank.). Le groupe est issu de deux grandes institutions françaises, Le Crédit lyonnais (acquis en 2003), la banque de l'Indochine /Indosuez (acquise en 1996) et Sofinco (acquis en 1999) qui ont permis de constituer la part essentielle du réseau international du groupe. En 2005, ses revenus ont atteint 25,9 milliards d'euros pour un résultat net d'exploitation de 6 milliards d'euros. La banque de financement et d'investissement du groupe Crédit agricole Calyon est en attente d'une licence d'installation en Algérie. Paris. De notre envoyé spécial