Le rapport de la Gendarmerie nationale sur la criminalité générale pour l'année 2006, surprend par ses conclusions déroutantes. Présenté hier par le colonel Djerboua Farid, responsable du département de la police judiciaire, le rapport en question indique que 2006 n'a pas connu une « criminalité exceptionnelle » ou une « évolution inquiétante », soulignant que dans l'ensemble, le phénomène reste « maîtrisable », et ce, malgré « l'impression » qu'on se fait, en « tenant compte des aspects ou indicateurs plaidant en faveur d'une recrudescence de l'activité criminelle ». Pourtant, les chiffres livrés, hier, lors d'un point de presse organisé par le commandement de la gendarmerie, font état d'une hausse substantielle de l'acte criminel, tous types confondus. Une hausse imputée, en partie, à l'intensification du travail des services de la Gendarmerie nationale. En matière de criminalité générale, le colonel Djerboua Farid relève une augmentation de 24% par rapport à 2005. Plus de 39 000 affaires ont été traitées par ce corps de sécurité, à raison de 107 affaires/jour. Les délits et crimes ciblant les personnes ont connu une hausse de 9%, les atteintes aux biens, 68%, les atteintes à la famille et aux bonnes mœurs, 29%. La petite criminalité enregistre une baisse de 18% pour ce qui a trait aux affaires de vols avec violence. Les vols de véhicules et accessoires, les cambriolages explosent quant à eux avec 377% pour les premiers et 99% pour les seconds. 3000 affaires de cambriolage ont été traitées par la GN. Les vols à main armée enregistrent une hausse de 1% par rapport à 2005. Le chef du département estime que les atteintes aux biens représentent le tiers de la criminalité. Quatre types d'infraction ont augmenté : le cambriolage, le vol de cheptel, de véhicules et de câbles. Les atteintes aux personnes arrivent en deuxième position. Les coups et blessures volontaires comptabilisent à eux seuls 68% des atteintes. Le nombre de viols est de 328 cas, les homicides volontaires 227, involontaires, 595. Le bilan chiffré fait état de 134 enlèvements dont 45 mineurs. Oran arrive en tête du peloton avec 17 affaires de rapt et Alger, en second, avec 16 cas. Boumerdès, Sétif, Batna, Oum El Bouaghi et Tizi Ouzou sont entre autres les villes où ont été exécutés des kidnappings qualifiés d'enlèvements de droit commun. La délinquance économique fera un bond de 11% (1154 affaires traitées). Les enquêtes menées principalement sur des entreprises publiques ont révélé, d'après l'officier, qu'elles sont la « cible » d'une « faune d'escrocs », individus connus pour la plupart, mais difficiles à appréhender du fait qu'ils utilisent des « écrans protecteurs ». Souvent de mèche avec des gestionnaires indélicats, les réseaux en question, usant de fausses qualités, de faux dossiers de clients, s'accaparent de quantités de marchandises avant de se volatiliser dans la nature, mettant ainsi (le cas de l'ERIAD), les entreprises victimes dans des difficultés financières. La menace économique que représente l'action de ces réseaux devrait être prise au sérieux. Ils ne manqueront pas, selon le conférencier, de s'attaquer, à l'avenir, à d'autres organismes économiques. L'officier a insisté sur les dimensions préjudiciables que prend le vol de câbles. « Il ne se passe une journée où nous n'avons pas à enregistrer des cas de vol de câbles électrique et téléphonique », a-t-il souligné, insistant sur la nécessité de procéder à des contrôles et un recensement des activités de récupération des déchets ferreux et non ferreux et à revoir les procédures d'attribution des agréments pour les exploitants. Même s'il ne le dit pas explicitement, l'industrie de la récupération serait responsable de ce trafic. Il jugera « opportune » et « appropriée » la décision du ministère du Commerce de mettre un terme à l'exportation de ces produits stratégiques. La contrebande, selon le colonel, a baissé de 10% grâce, notamment, à la loi portant lutte contre la contrebande qui a durci le traitement, et au dispositif de surveillance mis en œuvre par la gendarmerie. Si le nombre d'affaires a baissé, ce n'est toutefois pas le cas des quantités de carburant (40% de hausse) et de denrées alimentaires (34% d'augmentation) qui prennent les sentiers des frontières. Le trafic de stupéfiants a connu également une hausse de 28%. La quantité de cannabis saisie haussera de 8% alors que celle des psychotropes chutera de 87%. Phénomène nouveau : la cocaïne fait son apparition. Bien que la quantité saisie ne soit pas importante, 7,64 kg, et loin de refléter la réalité des volumes qui circulent, l'apparition de cette drogue renseigne, aux dires du chef du département de la PJ, sur le redéploiement opéré par la filière du trafic de drogues dures en provenance de l'Amérique latine et de l'Afrique, à partir ou vers l'Europe. Les trafiquants utilisent principalement la voie maritime. Les sept kilos de cocaïne ont été retrouvés, révèle l'officier, chez des pêcheurs qui avaient tenté de les revendre. Le faux documentaire qui gangrène les administrations, gagne, lui, 9%. L'explication avancée en est, selon le colonel Djerboua, la disponibilité sur le marché de matériel de haute technologie. L'officier a remarqué d'autre part que pour ce qui est de la circulation de la fausse monnaie, elle ne se limite plus aux grandes villes. « Le phénomène a aussi fait apparition dans les régions rurales », dit-il. Ce bilan chiffré n'inclut pas la criminalité découlant de l'activité terroriste.