La sortie médiatique de Abdelmoumen Khalifa le 2 février sur la chaîne Al Jazeera a étonné plus d'un. Historiens et anciens maquisards se disent « surpris » par les propos de l'ex-golden boy algérien et trouvent ses déclarations, remettant en cause le passé du moudjahid Abdelaziz Bouteflika, « insensées » et illustrent de « sa méconnaissance totale de l'histoire de son pays ». C'est l'avis même du commandant Azzedine qui, malgré son appartenance au « camp de l'opposition », se dit ne pas accepter qu'on nie le parcours révolutionnaire du moudjahid président Bouteflika. « Honnêtement, ce qu'a dit Abdelmoumen est infondé et n'a rien de vrai. Son père, Khalifa Laroussi, a servi sous les ordres de Boussouf à Tunis. Ayant été déjà sous-préfet français et ayant fait preuve de compétence, Boussouf lui confiait les affaires techniques. Il n'était ni au FLN ni à l'ALN. Il n'avait aucune relation ni de près ni de loin avec Abdelaziz Bouteflika qui agissait sous la coupe de Boumediène à Oujda (Maroc) », témoigne-t-il, attestant que Bouteflika avait bien participé à la guerre de Libération nationale. Selon lui, ce dernier n'a jamais été arrêté au Maroc ni condamné à mort pour qu'il soit « sauvé par Khalifa Laroussi ». « Je pense que Abdelmoumen a fait la confusion avec Belaïd Abdesslam qui, effectivement, a été condamné en 1958 », explique-t-il, affirmant que Abdelaziz Bouteflika n'était nullement cité dans cette affaire. « Bouteflika a été envoyé au début de 1961 au Mali, accompagné de Messaâdia et Belhouchet », note-t-il. Le commandant Azzedine tient à préciser avoir apporté ces « précisions » uniquement par « souci de vérité historique et non pas pour faire la brosse » au président Bouteflika où lui « faire preuve d'allégeance ». Selon Le FLN, livre d'histoire cosigné par Mohamed Harbi et Gilbert Meynier, Khalifa Laroussi avait été chef de cabinet de Boussouf. Il était aussi considéré comme l'inspirateur de la police politique du FLN. « En 1961, Laroussi Khalifa trahit Boussouf pour rejoindre Boumediène. Il signa, début 1962, un chèque d'un milliard de francs sur le compte du GPRA pour être versé à l'état-major de Boumediène à un moment où se fourbissaient, dans ce segment militaire dominant, les moyens de prise du pouvoir… », est-il écrit dans la page 275 de ce livre. Mais rien n'indique que le père de Abdelmoumen Khalifa était un communiste comme l'a affirmé son fils. Abdelmoumen Khalifa avait déclaré sur la chaîne Al Jazeera que l'effondrement de son groupe éponyme est dû à un conflit personnel entre sa famille et le président Bouteflika. « Bouteflika était jeune, il était au Maroc. Mon père tenait les services. Bouteflika et Belaïd Abdesslam avaient tenté de s'enfuir en 1958. Les services marocains les ont rattrapés. Ils ont été condamnés à mort. Boumediène a pris attache avec mon père qui est intervenu auprès de Boussouf pour ne pas les exécuter. » a-t-il déclaré. Les observateurs ont estimé que Abdelmoumen Khalifa a tenté, au cours de ce passage sur le plateau d'Al Jazeera, de faire diversion au procès retentissant qui se tient actuellement au tribunal criminel de Blida en tantant de « politiser l'affaire » et démonter l'argument d'une escroquerie de grande ampleur. Force est de reconnaître que ce scénario de diversion n'a pas tenu la route auprès de l'opinion publique...