Mardi à Paris, l'Algérie signait avec 56 autres pays la Convention pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées, convention internationale qui a déjà été adoptée par consensus, le 20 décembre 2006, par l'Assemblée générale des Nations unies. Ce nouvel instrument, juridiquement contraignant, érige en crime, en temps de paix comme en temps de guerre, les disparitions forcées, interdit notamment les lieux de détention secrets et garantit aux victimes et à leurs proches un droit de réparation et un droit à la vérité. Si cet engagement de la communauté internationale marque un réel progrès dans le domaine de la défense des droits de l'homme, vingt ratifications demeurent nécessaires pour l'entrée en vigueur du texte. Ce dernier stipule clairement qu'une disparition forcée n'est pas assimilable à un enlèvement, phénomène encore obscur que l'Algérie voit malheureusement croître actuellement sur son territoire, mais relève bien, « circonstance particulière très grave », d'un « agissement pour le compte de l'Etat ou avec son aval », caractérisée par le fait que « les familles des victimes restent parfois des années dans l'incertitude sur le sort de leurs proches ». Elle se différencie également des détentions arbitraires en ce sens que la disparition forcée est, selon le dossier de presse attenant à la convention, une « détention secrète ». Autant de spécificités que Mohammed Bedjaoui, ministre des Affaires étrangères algérien, a passablement ignorées puisque, commentant sa signature sous le seul aspect de la lutte contre le terrorisme, il a affirmé qu'« en matière de soutien aux victimes de disparitions forcées, l'Algérie, qui a souffert considérablement dans la lutte contre le terrorisme infâme pendant plus d'une décennie, n'a aucune leçon à recevoir de quiconque ». Cet avis n'était sans doute pas partagé par les associations de familles de disparus et de familles victimes du terrorisme qui, hier matin, refoulées à grands renforts policiers de l'hôtel Mercure où elles devaient effectuer un séminaire abordant le sujet des disparitions forcées, ont manifesté conjointement, à l'entrée de la Maison de la presse, leur désir de justice « pour la vérité, la paix et la conciliation ». Rappelons à cette occasion que nombre des intervenants étrangers invités au séminaire n'ont pu obtenir de visa pour exposer leurs expériences et leurs travaux sur la question, notamment, des disparitions forcées et de la lutte contre l'impunité. Le « grand réconfort pour les familles » qu'évoquait le président français Jacques Chirac, lors de la cérémonie de signature de ladite convention, n'est pas encore d'actualité en Algérie.