Alors que les services de sécurité multiplient leurs rondes de nuit et de jour sur la plage de Sidi Salem (El Bouni), vérifient les embarcations et contrôlent l'identité des personnes qui fréquentent cette plage par où ont clandestinement immigré des jeunes il y a quelques semaines, les harraga changent de lieu de départ. Ils ont jeté leur dévolu sur les plages de Aïn Achir et de Refes Zahouane. C'est à partir de cette dernière que mercredi dernier, dans la nuit, huit d'entre eux ont pris la mer à bord de 2 embarcations à destination de la Sardaigne (Italie). Ce sont tous des jeunes dont 3 mariés. Ils habitent la plage Refes Zahouane. Plusieurs jours après, ils n'ont pas donné signe de vie et leurs parents hantent les abords de la brigade de gendarmerie avec l'espoir d'entendre dire qu'ils ont été arrêtés. « Il ne m'a rien dit. Je savais qu'il préparait quelque chose depuis qu'il a reçu le rejet de sa demande de visa Schengen. J'ai souhaité qu'il parte tenter sa chance ailleurs, mais pas dans des conditions aussi périlleuses », a affirmé Ahmed D. parlant de son fils 30 ans, marié 1 enfant et au chômage depuis des années. Sur cette plage Refes Zahouane qui fait parler d'elle, tant par la multitude de cabarets, bars et autres night-clubs que par le nombre d'agressions et de vol, les aspirations des jeunes habitants se limitent à un seul objectif : partir d'Algérie. Chaque nuit et jusqu'au petit matin, en gardiens de parking ou en vendeurs de tabac, ils sont au contact direct des hommes de leur âge ou un peu plus âgés qui viennent dépenser de faramineuses sommes dans la consommation de l'alcool et pour les femmes. Les huit harraga ont pris la mer dans deux barques, chacune équipée d'un système GPS et d'un puissant moteur. « Préalablement, chaque équipage de 4 personnes s'était déplacé à Skikda pour acquérir un GPS à 30 000 DA et un moteur hors-bord à 220 000 DA. Personnellement, j'ai cru qu'ils allaient s'adonner à la pêche. Ce sont des jeunes voisins que je connais très bien. Depuis des années, ils n'avaient qu'une idée, trouver du travail et améliorer leurs conditions de vie. Pas une seule fois, je ne les ai entendu parler d'immigration clandestine », avoue Abdelaziz H., un père de famille qui tente de survivre dans la gérance d'un petit magasin d'alimentation générale.