Au cours d'un forum de la presse, organisé par la radio des Ziban, le directeur des transports de la wilaya de Biskra, Mohamed Soulami, a annoncé une série de mesures qui vont améliorer le réseau des transports aérien, terrestre et ferroviaire. Ainsi, la réouverture officielle de l'aéroport Mohamed Khider de Biskra qui a bénéficié d'une opération de modernisation et de mise à niveau aux normes internationales, est prévue pour le 20 février. Les communes de Tolga, Sidi Okba et Ouled Djellel seront bientôt dotées chacune d'une gare routière moderne et fonctionnelle tandis que celle, plus importante, de la ville de Biskra située sur la route de Tolga et dont les travaux de terrassement du terrain sont achevés, devrait être réceptionnée dans 18 mois. L'étude du tracé de la nouvelle ligne de chemin de fer entre Biskra et Touggourt, confiée à une filiale de la SNTF associée à une société étrangère, est en voie de finalisation ainsi que les longues procédures administratives et juridiques inhérentes au projet d'aération de la ville par le déplacement de la double ligne de chemin de fer qui la balafre de part en part. « L'Etat va réinvestir le domaine des transports et Biskra en bénéficiera, dans le cadre d'un plan spécifique de rattrapage. Tous les modes de transport devraient connaître un progrès certain », dira M. Soulami. Cependant il est de notoriété publique que les transporteurs font leurs propres lois et que ce secteur souffre de nombreuses déficiences : des taxis qui refusent de se rendre à El Alia et qui, quelle que soit la destination, n'enclenchent jamais le compteur ; ils préfèrent travailler au forfait (50 DA la course en ville, 70 DA pour aller dans les quartiers périphériques de la ville, 90 DA est le tarif de nuit et 200 DA pour rejoindre l'aéroport distant de 7 km. (Si vous avez des bagages assez conséquents, comptez 50 à 100 DA de plus). Des fourgons vétustes qui sillonnent la wilaya sans respect des horaires et dont les chauffeurs ne s'astreignent à remettre à chaque passager un ticket de transport qu'en cas de « barrages de contrôle » des gendarmes. Des receveurs de bus de la régie communale ou du privé qui n'ont jamais de monnaie et qui arrondissent à 10 DA le tarif d'un déplacement officiellement de 8 DA, empochant impunément 2 DA sur chaque usager qui n'en fait pas cas. Il va sans dire que cette pratique s'apparente à du racket qui ne dit pas son nom. L'absence de dessertes pour certains quartiers de la ville, tel Feliache, un hameau ancestral dépendant de la commune de Biskra qui attend depuis dix ans un bus public ou privé. La ligne Biskra-Feliache boudée A cette litanie d'insuffisances plus ou moins disgracieuses et en tout cas moralement répréhensibles, dont les principales victimes sont au premier chef les citoyens les moins fortunés, le directeur des transport répond : « Notre rôle est la régulation et l'organisation de cette activité, qui tout en étant un pan essentiel du secteur public n'en est pas moins ouverte à la concurrence. Personne ne veut travailler sur la ligne Biskra-Feliache, vu qu'elle n'est pas rentable. Il y a juste un bus communal qui s'occupe des écoliers et des lycéens. La moralisation des pratiques est notre affaire à tous. Nous avons périodiquement des rencontres avec les représentants de cette corporation afin de les mettre au courant du règlement en vigueur. Les dépassements, dont se plaignent en aparté les usagers des transports sont réels. J'en ai fait personnellement l'expérience. Grimé en usager, je suis monté dans un bus. C'est vrai que parfois les horaires ne sont pas respectés, que les bus sont bondés, que le receveur « omet » de rendre la monnaie. Que faire ? Personne ne porte jamais plainte. Que chaque citoyen lésé dans ses droits s'adresse aux services de contrôle et de répression des fraudes. Chaque démarche sera prise en compte. » Au-delà de l'aspect anecdotique de cette intrusion du responsable dans le monde qu'il a en charge pour en éprouver la bonne marche, le directeur des transports démontre que les pouvoirs publics savent très bien ce qui se passe mais n'ont cependant aucune latitude pour agir et endiguer ces déficiences et dépassements, vu le manque de moyens humains et matériels. Quant à demander aux usagers de porter plainte, c'est méconnaître la psychologie des Algériens en général qui optent, soit pour l'acceptation du fait accompli, se taisant, cautionnant l'arnaque en connaissance de cause, soit pour l'algarade avec le receveur dont le comportement laisse à désirer, en ne pensant presque jamais à s'adresser à l'administration concernée ou à la justice. « Pour 2 DA ! », s'esclafferaient-ils.